Sean Baker, c'est à la surprise quasi générale que ce réalisateur américain de 53 ans s'est vu octroyer la Palme d'Or au dernier Festival de Cannes : "Anora" qui sortira le 30 octobre prochain. Le Pacte, son distributeur français a profité de l'été pour ressortir 3 de ses films précédents. Sur les 3, j'en avais vu 2, chaque fois au Festival de Cannes. Ces 2 films, "The Florida Project" et "Red rocket" m'avaient laissé sur une impression très mitigée : quelques qualités et beaucoup de défauts. N'ayant pas vu le 3ème, "Tangerine", je me suis décidé in extremis à le rattraper. Les premières minutes du film m'ont fait craindre d'avoir eu tort de sortir dans ces conditions de très forte chaleur : montage à la truelle, interprétation catastrophique, etc. Et puis, je ne sais pas ce qui s'est passé mais, petit à petit, je suis entré dans le film. Certes, comme toujours chez Sean Baker, passionné par l'Amérique des marginaux et qui semble beaucoup aimer le monde de la prostitution, un monde que l'on retrouve d'une façon ou une autre dans les 3 films de lui que j'ai vus, on est dans le sordide, mais son sordide, parfois particulièrement glauque, arrive parfois à se montrer très drôle. Il y a entre autres une scène (que je vais bien me garder de raconter) qui s'avère particulièrement désopilante. Sachez que dans "Tangerine", on est à Los Angeles dans le milieu des prostituées trans (interprétées par de véritables transsexuelles), qu'on y rencontre un chauffeur de taxi arménien doté d'une épouse aux idées larges et d'une belle-mère qui ne partage pas du tout cette largesse d'esprit. Sachez aussi que le film a été tourné avec un I phone 5 S et que le résultat est remarquable en matière de qualité d'image, avec, en particulier, une très belle profondeur de champ. Le montage, si catastrophique durant les premières minutes du film, s'améliore par la suite sans être pour autant la qualité principale du film. Il en est à peu près de même pour l'interprétation : il est possible qu'elle ne s'améliore pas vraiment mais qu'on souffre de moins en moins parce que, petit à petit, on s'habitue ! Et puis, ces personnages sont tellement attachants ! In fine, "Tangerine" est le film de Sean Baker que j'ai préféré parmi les 3 que j'ai déjà vus. Attendons la Palme d'Or !