Chorus est un projet auquel le metteur en scène François Delisle pensait déjà avant la réalisation de 2 fois une femme qui s'est achevée en 2010. Il se souvient : "J’ai ensuite réalisé Le Météore avant d’y revenir. Paradoxalement, le résultat final est assez proche du premier texte que j’ai écrit, même si le projet est passé par toutes sortes de phases aux cours des années, effectuant une trajectoire en forme de montagnes russes. Au départ, j’avais le goût d’écrire autre chose qu’un synopsis classique, de sorte que le premier texte avait une nature plutôt poétique. A posteriori on pourrait même y voir l’amorce du ton du Météore. Sur le plan narratif, toutefois, tout était là. J’ai ensuite décidé de travailler avec un coscénariste, mais notre collaboration a été un échec… Il a donc fallu du temps pour cicatriser cette expérience et pour que je sois prêt à considérer une réécriture du matériel."
Comme Chorus et ses précédents films en témoignent, François Delisle aime traiter de sujets extrêmes (violence conjugale, enlèvement d’enfant, etc.) qui vont à l'encontre de la conception d'un cinéma comme divertissement, à laquelle il ne veut pas se rattacher.
A l'origine du film, il y a cette volonté pour François Delisle de traiter du sentiment de perte : "J’ai vécu cela à un moment de ma vie et j’ai réalisé que ça pouvait engendrer une sorte de fétichisme : on peut garder les messages téléphoniques de quelqu’un et s’accrocher à sa voix, par exemple, on refuse de tourner la page… Cela a fait naître l’idée d’un couple qui se reformait à partir du deuil d’un enfant. Tout cela d’un point de vue très théorique, car je n’ai jamais rien vécu de semblable. Pour moi, le point focal, c’était la fin : lorsqu’ils sont ensemble dans l’escalier. Tout devait donc converger vers cela. Des mouvements se sont ensuite installés dans l’écriture, dans le tournage et dans la forme, mais la trajectoire était claire."
L'histoire du film commence dix ans après la mort de l’enfant, permettant ainsi aux personnages d'Irène et Christophe de prendre de la distance par rapport à ce choc initial. Il s'agit d'un choix délibéré de François Delisle qui lui a permis de rendre ces personnages plus complexes : "Ils sont d’emblée disloqués, brisés… Ils vont pourtant avoir l’occasion de se reconstruire en terminant leur histoire qui s’est interrompue trop brusquement : on n’a pas retrouvé le corps de l’enfant, il n’y a pas eu de funérailles, etc. C’est donc un défi intéressant que celui de reconstruire des personnages qui sont en morceaux, emprisonnés dans leurs souvenirs. Les dix années qui séparent la disparition de l’enfant du début du film me donnent accès à des personnages qui ne sont plus en crise aiguë et qui, par conséquent, peuvent mettre des mots sur ce qu’ils vivent, sur ce qu’ils ressentent."
Le film s'appelle "Chorus" en lien avec le choeur en musique qui raccroche le personnage de Fanny à la vie. A l'origine, il devait s’appeler « Forget-me-not », comme la fleur, le myosotis, mais François Delisle a finalement opté pour "Chorus" qui renvoie également au coeur, donc à une pulsation évoquant les vagues qui sont très importantes pour le personnage de Sébastien.
Après avoir écrit la dernière version du scénario, François Delisle est par hasard tombé sur des images du photographe américain Mark Steinmetz, peu contrastées et où les nuances de gris prennent le pas sur le noir et le blanc. A ce moment, le réalisateur s'est dit qu’elles correspondaient à l’atmosphère du film, renforçant ainsi son envie de départ de filmer Chorus en noir et blanc. Il a par ailleurs lui-même endossé le poste de directeur de la photo et de monteur sur le film.
Si François Delisle a pour ce film utilisé une caméra dolly (caméra posée sur des rails permettant de réaliser des travelling sans à-coups) comme il avait des moyens plus conséquents, il a également filmé caméra à l'épaule.
Pour les scènes au Mexique, François Delisle est arrivé sur place une semaine avant tout le monde pour faire des plans avec l’aide de son chauffeur, sans acteur, sans pression… "Ça a beaucoup nourri le film", se rappelle-t-il.
Pendant chaque semaine de préparation du tournage, François Delisle et son équipe allaient voir un film qu'il avait choisi sur grand écran. "C’est difficile de dire quel impact réel cela a eu, mais j’ai l’impression que cela a été utile. Nous avions les mêmes références, il n’y avait pas de décalage esthétique…"
Sébastien Ricard était déjà l’acteur principal d’Une jeune fille de Catherine Martin, produit par François Delisle. Ce dernier connaissait le comédien du théâtre et s'est rendu compte via ce film qu'il avait vieilli et possédait une intériorité qui sied bien au personnage de Christophe.