Initialement, Les Lettres portugaises est un recueil de cinq lettres d'amour écrites par une religieuse, Mariana Alcoforado, à son amant français, le marquis de Chamily, qu'elle a rencontré lors d'une campagne militaire alors que ce dernier venait prêter main forte aux Portugais dans leur lutte pour leur indépendance face à l'Espagne dans la seconde moitié du XVII ème siècle.
Ce texte avait déjà fait l'objet d'une adaptation cinématographique avec La Religieuse portugaise, signée Eugène Green en 2009. Même s'il ne s'agissait pas d'un film adapté directement de l'histoire d'amour initiale puisqu'il nous présentait le parcours d'une actrice devant interpréter le personnage de l'auteur des lettres.
Bien que l'histoire des Lettres portugaises soit censée se dérouler à Beja, au Portugal, l'équipe a été contrainte de tourner une partie du film en France, faute de moyens financiers suffisants. Le choix de Bruno François-Boucher s'est très vite porté sur la collégiale de Bueil-en-Touraine pour raccorder avec le couvent de Beja.
Avant de réaliser ce film, Bruno François-Boucher avait travaillé comme assistant-réalisateur sur différents tournages de longs métrages signés, entre autres, par André Téchiné, Patrice Leconte ou encore Luc Besson.
Avant de créer Les Lettres portugaises au cinéma, Bruno François-Boucher avait également signé une adaptation pour le théâtre à la Cité Universitaire. La comédienne Ségolène Point y interprétait déjà le personnage de Mariana Alcoforado.
Ce film a été produit de manière totalement indépendante, sans l'aide des chaînes nationales ni du CNC. Pour cela, plusieurs amis du metteur en scène ont investi près de douze milles euros puis une jeune société de production a accepté de financer le projet pour un devis initial de 250 000 euros. Un compte Ulule a également été ouvert afin de présenter le projet aux internautes et leur demander un soutien financier d'un montant de leur choix. Chaque composante du tournage, technicien et comédien, a fait un effort sur son salaire et le film a été tourné en un temps record de douze jours.
Bruno François-Boucher a souhaité adapter ces textes en raison de la puissance du sentiment amoureux qu'ils dégagent mais aussi dans l'espoir de créer un film historique et romantique en langue française dans la même veine que le cinéma de Jane Campion qu'il admire beaucoup. Afin de soigner le plus possible son esthétisme, qu'il voulait proche de celui du film La jeune fille à la perle, il s'est entouré du chef opérateur Jean Paul Seaulieu aussi bien à la mise en scène qu'à la photographie.
Le texte récité par la comédienne dans le film est exactement le même que celui écrit par la religieuse dans ses lettres. Il est rare qu'un récit soit conservé au mot près lors d'une adaptation mais, ici, il résonnait comme un long monologue de théâtre et cela s'y prêtait.
Bruno François-Boucher souhaitait mélanger plusieurs types de narrations avec, dans un premier temps, une partie très documentaire puis une autre se rapprochant d'avantage de la fiction.
Bruno François-Boucher souhaitait également montrer à quel point l'époque traitée dans son film aura marqué un tournant dans l'évolution de la représentation sociale de la femme. En effet, au XVII ème siècle, les mariages étaient arrangés et des sentiments d'amour n'avaient pas leur place. Dans un tel contexte, la publication des Lettres portugaises et son succès ont laissé entrevoir les premiers signes d'émancipation de la gente féminine.