Dans la baie de la Slack sur la côte d’Opale, aux pieds du Typhonium, édifice délirant mi art-nouveau, mi néo-égyptien, construit par l’architecte Edmond de Vigne pour un couple de peintres fortunés et excentriques, les Dumont, un hénaurme commissaire Machin et son frêle adjoint Malfoy, tels Laurel et Hardy, enquêtent et s’empêtrent, sur une série de disparitions de bourgeois, tous originaires du triangle Lille, Roubaix Tourcoing…ces disparus se sont tous aventurés à passer à gué sur les épaules d’une famille de ramasseurs de moules, les Brufort… Sur la colline, dans ce fameux Typhonium, vit une famille d’industriels du Nord les Van Peteghem…le chef de famille, André, joué par un Fabrice Lucchini méconnaissable, barbe et favori poivre et sel, engoncé dans un costume trop petit qui lui donne une démarche de gallinacé, est accompagné de sa femme, Isabelle, jouée par Valéria Bruni Tedeschi, blanche jusqu’à l’ombrelle, de ses deux filles un peu niaises, et d’une nièce au prénom de garçon Billie, sur laquelle plane une ambigüité sexuelle, fille ou garçon ? D’autant qu’elle s’habille dans les deux genres….se joignent à la famille le frère de madame, Christian, hurluberlu souffreteux, la sœur de monsieur, Aude, jouée par Juliette Binoche, hystérique à souhait et qui surjoue un peu. La famille est un peu dégénérée, fin de règne, évocation d’épisodes incestueux, mariage entre cousins, mais d’abord des mariages industriels avant d’être des mariages d’amour, souligne André…Pour faire référence à La vie est un long fleuve tranquille, lui aussi parodie de stéréotypes sociaux situé aussi dans le Nord, les Van Peteghem sont les Le Quesnoy, et les Brufort les Groseille… des Brufort bruts de décoffrage, oreilles décollées ( bravo le casting !!) , à l’accent inextricable, vrais sauvages au regard inquiétant et aux pratiques cannibalistes (ce n’était sans doute pas indispensable pour l’histoire !!!) mais dont le père commande le bateau de sauvetage en mer…Il fallait une histoire d’amour entre le fils Brufort, ma Loute, et la nièce Billie…elle est troublante…ambigüité du sexe de Billie, ambigüité de ma Loute, homme ou animal…C’est un véritable vent de folie , burlesque limite grotesque…une cruauté à la Mocky , un surréalisme à la Buñuel….une opposition entre des acteurs stars et des gens du crus qui jouent au niveau de ces stars…des paysages magnifiques, magnifiquement filmés dans une lumière à la Eugène Boudin….j’ai beaucoup aimé, après Men and Chicken, je suis servi dans le frappadingue …mais j’admets que le film puisse être clivant…on aime ou on déteste !!! Et apparemment les spectateurs sont très partagés !!!