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    Ma Loute
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    543 critiques spectateurs

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    Bernard D.
    Bernard D.

    100 abonnés 607 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 mai 2016
    Si vous avez aimé la série P'tit Quinquin diffusée sur Arte, vous irez ou vous êtes déjà allé voir le dernier film de Bruno Dumont « Ma Loute » actuellement en compétition à Cannes !
    Si comme moi, vous n’aviez pas trop accroché, je vous recommande de faire l’effort d’aller le voir et de dépasser le sentiment d’agacement qu’on peut éprouver au début devant la lenteur ou l’absence d’intrigue, le parler du Nord de la France – pardon des Hauts de France (comme l’indique déjà le générique) - , les mimiques et le phrasé d’un Fabrice Luchini en pantin désarticulé, l’hystérie et la dévotion de Juliette Binoche ; l’effacement de Valeria Bruni Tedeschi … et puis le film décolle (comme plusieurs de ses personnages d’ailleurs) et on éprouve une certaine jubilation à regarder ce film « inclassable » en terme de genre. On peut y voir une farce grotesque, une satire sociale voire politique de la bourgeoise avec les « cousinades » à la base du capitalisme et son attachement à la religion et à la police, et ses barrières avec les petites gens.
    Les décors intérieurs et les costumes sont superbes et les plages du Nord-Pas de Calais sont magistralement filmées avec une photo particulièrement léchée. Et puis il a un numéro d’acteurs exceptionnel et manifestement on sent qu’ils ont jubiler à faire ce film !
    Bruno Dumont tape fort mais j’avoue que je suis impatient de connaitre les réactions du public du Festival et l’avis des étrangers sur ce film qui prouve la richesse du cinéma français. Le temps nous dira si ce film est un excellent et va perdurer ou non mais il est clair que Bruno Dumont va devoir faire encore plus fort pour son prochain film.
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 14 mai 2016
    Quand on voit Luchini sur une affiche c'est vendeur. Quand on voit Luchini sur une affiche d'un film en compétition à Cannes ça donne encore plus envie! Mais quand on vois ça! ... .Une histoire de transexualisme au debut du 20ème Siecle sur un font de canibalisme, inseste, consanginité et d'un zeste de folie. Je ne dirais rien du jeu des acteurs qui est bon pour la plus part même si ils sont amateurs et ça se remarque de temps en temps.. enfin vous le remarquerez si vous arrivez à comprendre ce qu'ils disent! Car même si ils sont dans une region de la France un peu reculée ne les empeches pas en 1910/20 de savoir un minimum articuer! L'histoire de transexualisme pourra etre hyper interressante à traiter ou même un autres des sujets abordé dans le film serai interessant. Mais non ils sont là, soit pas ou très peu traités. spoiler: Donc on ne sera jamais pourquoi ils sont cannibales, alors qu'il y a des moules de partout et que c'est pas la peine de manger des gens! Surtout vu que les disparitions sont resente et que donc ils seraient devenue cannibale d'un coup.. BREF!
    Je ne demande pas que tout est du sens ou soit expliqué! Mais que l'on nous lance pas des sujet en mode "demerdez vous je vais faire mon histoire à coté". Bruno Dumont voulait faire un film comique, bas c'est bien, il en faut, mais apres il faudrait peut etre qu'il revoit le therme de comédie.. Parce que si ça fait rigoler que lui et quelque bobo gauchiste, qui vont trouver ça génial et pitoresque, ça fait pas beaucoup de monde! Même Luchini ne comprend pas ce qu'il fait là, limite lui même ne conseil pas le film, c'est dire!
    anonyme
    Un visiteur
    1,0
    Publiée le 16 mai 2016
    Long, ennuyant, grotesque, voir exasperant à certain moment, on reste jusque la fin(si on peut) dans l'attente du dénouement mais le film se termine ausi mal qu'il a commencé et s'est poursuivi.
    Luccini et Binoche(surtout Luccini ) sont particulierement exaspérant par un surjeu poussé et tellement faux.
    seul le gros commissaire impotent arrive a nous soutirer qq sourrires.
    A eviter serieusement.
    nadège P.
    nadège P.

    125 abonnés 538 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 mai 2016
    Ce film est très réussi à tous les niveaux : interprétation, réalisation, costumes, décors, intrigue, amusement.
    C'es truculent, burlesque, réjouissant.
    Cette tragi-comédie est originale et drôle.
    S5Clem
    S5Clem

    67 abonnés 428 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 19 janvier 2017
    Résidant dans le Pas-de-Calais depuis ma naissance, et plus précisément à Calais même, je suis profondément choqué par ce film qui ne met en scène de notre région que ses travers les plus sordides. C'est sur-joué, mal interprété, les acteurs amateurs sont ridiculisés à outrance. Le scénario est inexistant, débilisant minute après minute. On comprend rapidement que la seule volonté de Bruno Dumont dans ce film est de dépeindre un aspect cauchemardesque de la région, avec au choix pour les résidents : la pauvreté et le cannibalisme / l'obésité et l'élocution alcoolique / l'enrichissement par la consanguinité. Sous couvert d'un soi-disant humour peut-on tout se permettre ? Je suis pour la liberté d'expression et l'humour noir, mais pas la misandrie et le dénigrement. Le réalisateur n'a cherché qu'à faire marrer les "biens pensants" du XVIème et cette presse racoleuse qui ne trouve dans cette oeuvre "jubilatoire" et "à hurler de rire" qu'une mise en lumière de leurs pensées les plus malsaines concernant cette région et ses habitants. Profondément dérangeant et honteux
    Yannickcinéphile
    Yannickcinéphile

    2 119 abonnés 4 228 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 9 janvier 2017
    Bon, ne connaissant pas le cinéma de Dumont et ayant entendu plutôt du bien de son dernier film en date, je me suis lancé dans le visionnage. Le résultat est pour le moins, mauvais !
    Ok, l’ambiance est sympathique. On sent une volonté d’originalité, et l’atmosphère singulière s’appuie sur un travail de qualité. Photographie froide assez raffinée et avec des décors soignés, Ma Loute a un caractère, et c’est déjà çà. Dommage cependant que le film ne cède pas davantage à la fantaisie, à l’originalité, Dumont semble avoir choisi d’évoluer entre réalisme et bizarrerie frôlant l’absurde, mais ce juste milieu empêche le film d’être l’un ou l’autre. Le réalisateur s’inscrit d’ailleurs vivement, par sa mise en scène, dans le réalisme le plus brut. Rien que le plan d’ouverture en témoigne. Dumont reste toujours au plus près de ses personnages, et ne cherchent jamais l’effet de style, il se veut très sobre. A noter que la musique se fait parfois très discrète, un choix bizarre car il laisse le film dans une grande platitude sonore dans ces cas-là. A la limite refuser la bande son pour mettre en valeur les sonorités d’ambiance, pourquoi pas, mais pas de vent, de pas de cris de mouette, de clapotis de l’eau, ce qui surprend dans un film de bord de mer !
    Le scénario est consternant ! Ok, Dumont a été salué par son audace, son refus du politiquement correct bla bla bla, mais ça ne fait pas un film ça ! Rythme soporifique, humour très rare (Dumont ne met jamais en valeur ses effets, il les présente comme naturel), l’intrigue est d’une vacuité rare. Il n’y a pas de sentiments, de vie, d’émotion, tout est « stérilisé » par le réalisateur. Ma Loute donne le sentiment de prendre des choses issues d’un brainstorming, de les glisser dans une sorte d’intrigue censée toutes les contenir, mais le résultat est forcément bancal. Voir un cadavre exquis de 2 heures, c’est vite ennuyeux, et c’est terriblement pontifiant quand en plus ça se croit plus malin que ce que c’est !
    Le casting est bon, sur le papier, mais il n’en est rien. Les Van Peteghem sont insupportables de surjeu, et alors en tête de tous, Fabrice Luchini ! Acteur que je trouve souvent affligeant car il ne joue pas, il se contente d’être lui-même, ici il joue, et c’est horrible ! Il en fait des méga-caisses, et ça ne passe pas. Tout en cabotinant, Bruni Tedeschi par exemple est déjà bien plus digeste, faisant preuve de cette subtilité intéressante qui correspond au film. Elle est crédible (réaliste) tout en ayant une touche de fantaisie étrange. Pour moi, elle est la seule des acteurs connus à s’en sortir, entre un Luchini égaré et une Binoche transparente. Jean-Luc Vincent est lui aussi beaucoup trop cabotin. Les acteurs non connus sont meilleurs, curieusement. Plus naturels, Ils sont comme Bruni Tedeschi plus dans l’ambiguïté entre naturel et loufoquerie absurde. Didier Despres étant la quintessence de cet équilibre. Reste que vu le nombre de personnages, beaucoup sont à peine dégrossis, et j’ai été terriblement déçu de voir Brandon Lavieville, le personnage éponyme, et le personnage de Raph, aussi mal exploités !
    Franchement, Ma Loute est un film indigeste, ou presque. Vide, il ressemble à un exercice de style, mais non réfléchi. La forme est appréciable, il y a individuellement quelques numéros d’acteurs à retenir, et Dumont donne une singularité évidente à son métrage, mais rien n’est tenu. La cabane s’effondre donc ! 1.5
    Jorik V
    Jorik V

    1 208 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 mai 2016
    Bruno Dumont a toujours été le parangon d’un cinéma âpre et radical, d’aucuns diront même austère et refermé sur lui-même. Avec son nouveau film, il change radicalement son fusil d’épaule pour aller tutoyer ce qui semble être une comédie, mais seulement en apparence. La réalité est toute autre avec le cinéaste et on assiste certainement à la proposition de cinéma la plus barrée vue depuis des lustres en France au cinéma et surtout à un film qui ne plaira pas à tout le monde, loin s’en faut. Imaginez un peu un mélange entre un film de Robert Altman pour l’analyse sociale des rapports entre classes et des frères Coen pour l’humour à froid et les excès gore, enrobé dans un style pictural digne des plus grands esthètes faits cinéastes tout cela broyé à la sauce ch’ti et patois.
    Un film hors des sentiers battus donc, hors du temps même, et qui va jusqu’au bout de ce qu’il entend nous montrer, avec une cohérence sans faille dans un univers singulier comme jamais. Les personnage sont croquignolets de l’inspecteur de police à la diction mémorable à la famille de pêcheurs cannibales bien du cru au patois si reconnaissable en passant par le bourgeois bossu. Une galerie de personnages dont on se souviendra longtemps interprétée par des acteurs en verve et dominée par, encore une fois, l’immense Fabrice Luchini. L’acteur s’en donne à cœur joie avec ce rôle fait pour lui poussant l’outrance et la caricature à des sommets sans jamais sombrer dans le ridicule, ce que sa collègue de jeu Juliette Binoche n’évite pas toujours. Ils animent tous cette farce truculente - où l’on rit beaucoup - avec entrain et foi envers leur metteur en scène.
    Les scènes cultes sont nombreuses, on retiendra celle du dîner et celle où l’inspecteur et Luchini discutent sur les liens familiaux de ce dernier. Des sommets d’humour basés sur les dialogues et le comique de situation. Dumont n’en oublie pas pour autant la mise en scène, délivrant un must de beauté sur l’écran où chaque plan est magnifique aidé en cela par le décor original des plages de la côte d’Opale. Il se fout royalement de l’intrigue policière ; en effet il préfère rendre sa satire du prolétariat et des petites gens tout autant que des bourgeois féroce au possible. Il n’élude cependant pas un gros problème. En effet, le défaut majeur du film est sa longueur. Une demi-heure en moins aurait été nécessaire pour que le film tutoie les sommets. Les scènes sont trop étirées et il alterne de manière trop systématique scènes avec bourgeois, puis paysans et enfin avec les enquêteurs. C’est dommage car cette farce maitrisée de bout en bout est le genre de film qu’on ne reverra pas de sitôt sur les écrans. C’est vraiment très particulier et il faut accepter de se laisser emporter par cet humour inqualifiable et ces images hors du temps.
    WutheringHeights
    WutheringHeights

    99 abonnés 930 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 mai 2016
    C’est là la force du cinéma de Dumont, une immense poésie dans un monde sordide, un surgissement du fantastique quand on s’y attend le moins, une audace folle qui ose utiliser un jeu théâtral si grotesque qu’il en devient émouvant, une mise en scène tellement maîtrisée qu’elle peut tout se permettre.

    LA SUITE :
    Rocla
    Rocla

    44 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 mai 2016
    Ce film n'est absolument pas conventionnel. Il est très original, inattendu, dérangeant, et pourtant, il s'avère très attachant. Personne dans la salle, hier soir, n'est sorti avant la fin du défilement du nom des acteurs, techniciens, compositeurs, ce qui est signe. L'histoire d'amour est époustouflante, dans des décors somptueux, et dans un contexte de pêcheurs passeurs anthropophages complètement singulier. L'enquête policière est un peu lourde, mais elle amène des gags et des situations cocasses. Le jeu des acteurs n'est pas parfait mais ce film est un ovni, très drôle, à mi chemin entre les productions de Jeunet (Delicatessen notamment) pour les prises de vues et le sordide, Tati (Playtime) pour certains gags, Green (Le fils de Joseph) pour l'audace vis à vis de la croyance religieuse, et le roman "Le monde selon Garp" d'Irving pour l'aspect truculent... On n'est pas loin du chef d'oeuvre. Le réalisateur en est tout à fait capable. C'est toujours agréable de découvrir des auteurs français de cette envergure !
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 29 mai 2016
    Burlesque, grotesque, gore, caricatural... mais ô combien original et drôle!
    Les têtes d'affiche comme les autres acteurs poussent à l'extrême leur jeu d'acteur, ce qui justement fait toute la magie du film auquel, nous, on a adhéré totalement!
    PaulGe G
    PaulGe G

    101 abonnés 607 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 mai 2016
    ils sont laids bêtes et méchants, ils sont des bourges et dégénérés, ils sont laurel et hardy de la police,
    vous mélangez et vous obtenez le plus cocasse, le plus drôle , le plus surprenant film de ces dernières années, depuis délicatesse il n'a jamais été produit un film aussi déjanté , décapant,
    un éclat de rire permanent avec des comédiens méconnaissables méritant la palme d'or .
    le scénario est fabuleusement farfelu c'est un plaisir continuel on en redemande
    Post-xMoVie
    Post-xMoVie

    5 abonnés 65 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 mai 2016
    Aussi léger que l’annonçait la bande-annonce, ce serait dommage d’aller voir Ma Loute pour son simple comique. En effet, on se rend vite compte qu’il y a bien plus, dans le nouveau film de Bruno Dumont, qu’un humour absurde : attaque virulente des classes sociales, de différents types de personnes, il est possible de voir, dans toute cette danse exaltée entre pêcheurs de misère et bourgeois décadents, une profonde allégorie…de la société. Le cinéaste se garde bien de prendre parti pour qui que ce soit, et endosse assez vite la robe du sage, du moraliste, pour qui personne n’a raison. Misanthrope, ou pas ?
    Dumont fait à une autre échelle le même boulot que Molière : il grossit les défauts de ses victimes pour que son public les saisisse mieux, et puisse y réfléchir. Mais il ne s’arrête pas à cette caricature, il l’utilise même pour soutenir son propos, l’impossibilité de deux familles différentes socialement à vivre ensemble. Pendant deux heures, ça carbure à l’humour burlesque, voire délibérément loufoque, alors qu’on parle de disparitions mystérieuses. Premier condamné, la police : deux inspecteurs, Machin et Malfoy, pareils à Laurel et Hardy, l’un énorme boule, l’autre fin comme un doigt. Pareils à des héros de B.D, qui accumulent gaffes et ridicule, et transforment leur grade en belle bande de bras cassés… Elle a tout de même le mérite, au cours de l’enquête, de se faire rencontrer deux familles qui s’ignorent : les Van Peteghem, bourgeois dégénérés, et les Brufort, pêcheurs hargneux et dangereux. L’affrontement commence, et personne n’en sort vainqueur. Pourquoi ? Parce que chacun est aussi fou que l’autre, chacun est humain, chacun a son sens du mal, de l’outrance, de la violence grâce auxquelles ils survivent. On les découvre d’abord individuellement dans ces grandes landes marines du Nord, minuscules face à la mer, face au monde, et pourtant si accrochés à leur domination du microcosme. Ils n’ont de sens de la démesure que leur propre égo : là où les bourges semblent paralysés devant la moindre action, les paysans les découpent en morceaux et les mangent à table (métaphore de leur haine mortelle). D’un côté, des acteurs pros (Luchini, Binoche et Bruni-Tedeschi sont merveilleux), pâles, d’un blanc immaculé comme si rien ne les touchait, pas même la réalité, qu’ils méprisent et cachent sous des rituels de comédie ; de l’autre, les misérables (tous des acteurs amateurs), sales, aux faces bestiales, et au regard accusateur, tous désignés comme suspects de l’affaire… Cette cruauté de rendre les deux camps pathétiques, ignobles, excessifs, tarés par une réalité presque oppressante tant elle est figée dans un schéma immuable, n’apporte en effet rien d’autre qu’un pamphlet (grotesque, provocateur) où il n’y a aucune solution, aucune possibilité pour des gens diamétralement « contraires » de vivre ensemble, comme en témoignent les nombreuses scènes où le fameux choc des cultures s’oblige, par politesse forcée pour les riches, par dégoût immonde pour les pauvres. Jamais ils n’arrêtent leur guerre ridicule, au milieu de laquelle va pourtant se tisser un lien pacifiste, connecteur entre les deux camps, qui fournit un peu d’espoir dans ce film où le rire est souvent noir. L’amour entre Ma Loute, fils des Brufort, et Billie, fille androgyne des Van Peteghem, dont l’identité sexuelle et morale restent à désirer. Bien vite, ils incarnent le « bon côté » de l’humanité (h minuscule s’il vous plaît), parviennent à transgresser l’ordre des choses, jusqu’à revenir au point de départ : Ma Loute découvre que Billie est un garçon, il le rejette, le frappe, bannissant avec lui l’homosexualité et l’androgynie, tout comme le feraient ses parents. Elle revient chez ses parents, dans les bras de sa mère, dans ceux du confort, trop épuisée pour se battre. En effet, le combat est trop abstrait, foncièrement inutile, selon Dumont. Une pensée dont on se passerait bien en ces temps de tension. D’autant plus que Billie incarne aussi l’adolescent paumé, en pleine quête d’identité, comme nous sommes tous en quête de repères. Côté Van Peteghem donc, on s’amuse. On adore tous ces personnages fantasques autant qu’on les hait. Luchini et sa démarche de néo-Richard III, son flegme et son ton, ses gags, tout est hilarant, de ses efforts à couper une dinde à sa conduite du char à voile, où il fait un vol plané et en ressort intact, en pleine forme, prêt pour s’humilier davantage. « Il n’y a rien à craindre, enfin… Allons ! » Il n’exprime jamais aucun sentiment – c’est trop fatigant d’être sensible ! – tout comme le reste de ses confrères. De Binoche exubérante et délicieuse en bourgeoise odieuse et bornée, qui s’étonne, après avoir chanté sa passion pour les côtes du Nord, qu’on « la prenne pour une exaltée » à Bruni-Tedeschi, femme émotive et sage, qui tombe dans les pommes quand on parle de cadavre, et dont la parole demeure une action engagée (carrément !), ils peignent un portrait de la bourgeoisie grinçant, où tous sont flemmards, apeurés par la réalité, impassibles, sarcastiques, intolérants, soucieux de préserver leur sang. Leur violence contenue, qui ressort parfois dans des crises démentielles, aberrantes mais amusantes, leurs codes, leurs bonnes manières, leur unique foi envers Dieu (et pas l’humanité), tout est rasé, critiqué, détruit avec une malice et un profond dédain envers les défauts humains. Ca décape, ça fait rire, on n’oubliera certainement pas la séquence de la concession à la Vierge, où l’ordre religieux est aussi attaqué, plus comme des victimes de leur croyance que comme des prédateurs pervers (on n’est pas dans Tartuffe non plus). La famille Brufort, quant à elle, a un penchant plus prononcé dans l’humour noir. « Qui reveut des doigts de pied ? Personne ? Même pas le pouce ? » Ce sont tous des acteurs amateurs, de ce fait on comprend un mot sur trois à cause de leur patois et de leur accent, mais cela fait gagner au film un peu d’authenticité – qu’on se rassure, ils sont aussi excessifs que les autres. De base, ces personnages n’ont ni queue ni tête, ils avancent dans une histoire aléatoire et se grisent de leur propre absurdité. Dans ce monde, c’est normal d’être fou, mais c’est anormal de…voler ! Eh oui, le film se teinte d’une bonne dose de surréalisme, en faisant léviter Isabelle Van Peteghem face à la mer, et l’inspecteur Machin en dépit de son embonpoint prononcé. Le sens ? Chacun peut le définir : absurdité gratuite, paroxysme de la bêtise humaine, et même échappatoire à la réalité. En effet, les deux personnages qui volent sont les plus « lucides » (mot à prendre avec des pincettes ou un second degré) : ils ne collent donc pas au moule où sont imprimés leurs camarades, et fuient la « logique » du monde, avant d’être brutalement ramenés à terre : non, l’humain doit tout capter, tout comprendre, rien ne doit lui échapper. Au final, on a affaire à un film à dix degrés : on peut se régaler devant cette originalité, comme essayer de la décortiquer avec patience. Ce qui reste indiscutable en tout cas, c’est la réalisation. Les paysages sont magnifiques : les contemplations (les pauses au milieu de ce fracas bruyant et furieux) de la mer, sa sauvagerie, sa couleur presque noire ravagée par l’écume, les plages immaculées où la moindre personne paraît minuscule. Puis cette lumière aussi. Elle est unique, tantôt sombre tantôt claire, s’amusant à mélanger les deux aussi, avec ces contraste, cette sécheresse offerts par la région ; tout cela contribue à la mise en scène minutieuse de Bruno Dumont, où on sent qu’il maîtrise tout d’une main de maître, et se délecte de ses acteurs qu’il a dirigés comme des pantins, des marionnettes désarticulées par les bourrasques, au teint blanchâtre et cireux. Les pêcheurs inondés par tant de propreté, préfèrent la noirceur, la saleté. Chacun se complaît dans sa situation, ce qui détruit la potentielle possibilité qu’il y ait des méchants et des gentils. Même si Ma Loute est une fable, on ne retrouve au final rien de rassurant dans ce qu’elle analyse. Elle parle de la mégalomanie universelle de vouloir exister, alors qu’on se débat au milieu d’un tourbillon chaotique, pareils à des insectes. En fait, c’est beaucoup de bruit pour rien, la vie. Bruno Dumont semble dire que notre plus grand défaut à nous humains, a été de se catégoriser dans des cases spécifiques, car par ce moyen, on a avili le monde en tuant la solidarité. C’est amer comme vision, ça c’est sûr. On se rend compte en sortant de la salle que l’histoire est hideuse (et sans résolution d’ailleurs). Pourtant, tout est élégant.
    Clotilde L.
    Clotilde L.

    1 abonné 3 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 10 juin 2016
    très très belle performance des acteurs. Génial, déjanté, surprenant, touchant, mais pas choquant.
    chaque personnage y participe. Bravo !
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 16 mai 2016
    Désolé, je ne suis absolument pas rentré dans ce film
    Les acteurs connus sur-joue en permanence, si il y à un sens caché ou un double sens, il est totalement invisible, brouillon, ridicule et pas drôle.
    Le pire, à mon avis, le manque de dignité envers les pauvres en les transformant en… cannibales...

    Film que l'on peut, tout a fait, ne pas allez voir, en référence à un journal satirique.
    dominique P.
    dominique P.

    792 abonnés 2 027 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 mai 2016
    Voici un film très original et très particulier.
    Forcément il ne peut pas plaire à tout le monde.
    Soit on adhère et on aime, soit on n'adhère pas et on déteste.
    Pour ma part j'ai totalement adhéré et aimé.
    Il y a beaucoup d'originalités dans ce film, ce n'est pas une comédie basique, classique, d'autant que certains thèmes dérangeants sont abordés.
    On peut qualifier cette comédie de farce burlesque et il faut bien reconnaître que certaines scènes sont très amusantes.
    C'est vraiment une histoire déroutante, drôle, divertissante.
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