Mia Hansen-Love a tout juste 35 ans et L'Avenir est déjà son 5ème long-métrage. Elle est déjà auteure de Tout est pardonné, Le Père de mes enfants, Un amour de jeunesse et Eden.
L'Avenir a été sélectionné en Compétition à la Berlinale 2016 qui s'est déroulée du 11 au 21 février 2016. Mia Hansen-Løve a été récompensée de l'Ours d'Argent de la meilleure réalisatrice pour le film.
Si Mia Hansen-Løve a écrit L'Avenir en ayant Isabelle Huppert toujours en tête pour le rôle de Nathalie, c'est en s'inspirant de sa propre mère que la réalisatrice a construit ce personnage. En effet, les parents de Mia, Laurence et Ole Hansen-Løve, sont tous les deux professeurs de philosophie, tout comme Nathalie dans le film : "Plus j’ai avancé, plus j’ai pris conscience du lien entre l’enseignement de la philosophie telle que je l’ai vécue à travers mes parents et ce qu’est pour moi le cinéma. Ce qui m’a été transmis et que j’ai reproduit à ma manière, c’est la quête de sens, un questionnement constant", relate l'artiste.
Pour L'Avenir, Mia Hansen-Love a rappelé Roman Kolinka avec lequel elle avait déjà travaillé sur Eden, et André Marcon qu'elle avait dirigé dans Un amour de jeunesse et Le Père de mes enfants.
Mia Hansen-Løve nous en dit un peu plus sur ses méthodes de travail : "Mes films ne se prêtent pas aux répétitions avant le tournage, parce que la vérité des scènes dépend beaucoup des lieux - leur lumière, leur atmosphère et l’influence que cela exerce sur les comédiens. Le scénario, la structure, les dialogues c’est très important, mais ce qui se joue au tournage, c’est l’incarnation, et elle vient d’une interaction entre les acteurs et la mise en scène qui ne peut s’imposer qu’à ce moment-là", explique la réalisatrice.
Le scénario de L'Avenir a été écrit en été 2012 durant un moment où le tournage d'Eden n'avançait pas. Le film a ensuite été tourné deux ans plus tard, en juillet-août 2014.
Mia Hansen-Løve, malgré sa jeunesse, brosse avec pertinence le portrait d'une femme d'âge mur dans L'Avenir : "Je me suis toujours sentie en décalage avec mon âge, à un degré quasiment pathologique qui est un moteur pour mon écriture. Cela a nourri une mélancolie dont le cinéma m’affranchit. On écrit pour se libérer de ses démons tout en y revenant toujours. Quand je tourne, le sentiment de la distance au monde s’évanouit", confie la cinéaste.
Ouvrez l'oeil lorsque vous verrez le film, vous y verrez une star féline. En effet, lors d'une scène, Isabelle Huppert cherche son chat noir baptisé Pandora. Le petit animal a été joué en réalité par trois chats, Gargamel, Déesse-Diane et Patapon.
Mia Hansen-Løve tenait absolument à être très précise dans la description de ses personnages et des lieux que ceux-ci traversent. Elle s'en explique : "Il y a peu de films où l’on sait quels journaux lisent les personnages, à quelles idées ils sont attachés, les débats politiques qui les animent. J’ai toujours tenté d’inscrire mes personnages dans le monde, mais L’Avenir était pour moi l’occasion d’assumer pleinement la relation aux livres, à la pensée. (...) L’obsession de Patrick Modiano pour les noms, les lieux, les dates, comme des points fixes auxquels se raccrocher, est un trait de son inspiration auquel je m’identifie depuis toujours. C’est lié à notre besoin de mémoire, à la fragilité de la vie et au désir d’en garder la trace."
Dans L'Avenir, Nathalie (Isabelle Huppert) et son mari ont un rapport spécial avec les livres, tout comme Mia Hansen-Løve qui s'est servie de son expérience personnelle pour mettre en scène cela : "Dans l’appartement où j’ai grandi, le luxe c’était la bibliothèque. Je crois que je ne pourrais pas vivre dans un lieu vide de livres et j’ai toujours accordé une attention particulière aux bibliothèques dans mes films. Il ne s’agit pas juste de montrer que ces personnages sont éduqués mais de prendre plaisir au choix des livres et des éditeurs. Une rangée de Pléiade ou une rangée de Poche, une rangée toute beige ou une rangée multicolore, ça ne raconte pas la même chose", explique la réalisatrice.