J'attendais énormément de ce film, sans doute parce que j'avais juste adoré 4 nuits d'un rêveur et ce film là est adapté du même auteur. Forcément, je ne pouvais que faire le lien entre les deux films.
Cependant j'ai trouvé Bresson en très petite forme dans cette femme douce. D'habitude Bresson c'est le réalisateur qui peut m'émouvoir en quelques secondes, je pense aux premières minutes d'au hasard Balthazar pour ne citer que ce film. Là je suis resté en dehors, le film m'a semblé très hermétique.
Alors certes il y a de beaux moments, j'adore cette scène au théâtre qui dure, qui dure et finalement on suit la pièce, on est dedans, même si comme moi on ne la connaît pas, et elle nous intrigue. Il y a cette capacité à nous immerger dans ce qui est proposé. Cette scène, il fallait l'oser. Effectivement peu de réalisateurs s'offriraient un interlude théâtral d'une dizaine de minutes au début du film, juste comme ça. J'aime beaucoup. D'autant que ça m'a donné envie de lire la pièce. J'aime également quelques bribes, quelques fragments comme cette scène où la fille après le mariage court dans les escaliers en prenant son mari par la main... On avait ce doute sur son envie de se marier et puis là, au travers d'un plan, c'est bon on a compris. Ou bien ce repas où ils mangent de la soupe sans se dire un mot, champ contre champ, petit regard, ils continuent de manger. On sent l'intensité de la scène. C'est vraiment pas mal.
Mais j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages, à m'identifier, à m'intéresser. Cette fille a beau être très belle, mignonne, je trouve que Bresson n'a pas réussi à filmer l'invisible en elle, elle me semblait plate, sans intérêt contrairement à 4 nuits d'un rêveur justement. Même ce mec, il ne m'intéresse pas forcément, je ne me reconnais pas en lui. Je trouve que le film manque d'enjeux. Ok, on connaît la fin dès le début on veut savoir comment on en arrive là. Mais je ne trouve pas ça forcément palpitant, contrairement à un condamné à mort s'est échappé, où là justement, le titre annonce la fin, mais putain, il y a cette tension, on veut savoir comment on s'échappe de prison et c'est un réel régal de suivre ce plan d'évasion, ça a quelque chose de jubilatoire.
Du coup je suis très partagé, je retrouve des choses que je peux aimer chez Bresson, mais en même temps je ne peux pas cacher ma déception, j'en attendais trop sans doute, néanmoins, je pense qu'il manque malgré tout quelque chose à ce film, un souffle, un peu de magie, d'invisible, de beauté brute. Là c'est austère certes, j'aime l'austérité, mais elle m'a semblé artificielle et je n'aime pas l'artificialité, ça me sort du film.
Je suis donc un peu mitigé en tant que très grand amateur du travail de Bresson. Mais je suis loin de penser que c'est un mauvais film, au contraire, même si ça reste une bonne déception.