Pour Claude Lherminier, un ancien industriel haut-savoyard (fabrication de carton et papier), "Floride" égale "voiture" (celle de l'affiche - une Renault des années soixante), "oranges" (et leur jus), et bien sûr 27e état des USA - là où vit son autre fille, mariée à un Américain, Alice. Il va fêter ses 82 ans, et donne bien du tracas à son aînée, Carole, une quadra divorcée (un fils étudiant, Robin), qui a repris l'usine familiale 20 ans plus tôt, puis l'a cédée à un groupe canadien, lequel l'a maintenue à la direction générale. Le vieil homme est sujet aux pertes de mémoire, et aux sautes d'humeur. De plus en plus rapprochées. Cela ne semble pas être de la simple sénescence, mais bien plutôt une variété de la si redoutable maladie d'Alzheimer, dont on suit l'avancement, en découvrant l'histoire du héros
(et en particulier les tenants et aboutissants d'un stress majeur subi il y a quelques années)
. Aucun pathos ici cependant, aucune pesanteur dramaturgique. Philippe Le Guay adapte (en rendant le récit "cinématographique") une pièce à succès de Florian Zeller - c'est-à-dire en conservant les enjeux familiaux, (mais en les étoffant, anecdotiquement), et en traitant ce sujet grave avec fantaisie
(le "fil rouge" du voyage en avion).
. Situations et dialogues jouent en permanence sur des registres différents, entre humour et émotion. Comme dans le précédent (et excellent) "Alceste à bicyclette", tout est soigné - des décors généraux aux plus petits détails, du couple père/fille central aux personnages "secondaires", le tout formant une lecture cohérente de la "pathologie" de Claude. Passionnant, et porté par des interprètes magnifiques - JR, tout particulièrement, agaçant, truculent, polisson, fragile, porté par ses obsessions et douleurs intimes, bouleversant... : superbe !