Ah Hollywood et ses promesses… On nous avait pourtant bien promis (Paul Greengrass et Matt Damon en tête) que "La Vengeance dans la peau" serait la dernière aventure de Jason Bourne sur grand écran. Certes, on avait bien tenté de nous faire le coup du spin-off avec le très dispensable "Jason Bourne : l’héritage" (pauvre Jeremy Renner) mais de là à imaginer que le remuant metteur en scène et sa star reviennent sur leur décision, il y avait un pas… qui a, donc, été franchi ! Et, comme le veut l’adage cinématographique, c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les mauvaises confitures… ou, en tout, de bien moins bonnes ! En effet, les sagas qui peuvent se vanter de compter un opus sorti plus de 10 ans plus tard et ayant surpassé (ou seulement égalé) les épisodes originaux sont rares (seul "Rocky" me vient à l’esprit). Et ce n’est pas ce "Jason Bourne" qui viendra déroger à la règle. Certes, ce quatrième épisode est supérieur au spin-off précité. Il faut dire que le retour aux affaires de Paul Greengrass et Matt Damon changent pas mal de choses et assure, à tout le moins, une cohérence formelle. Pour autant, force est de constater qu’on se trouve face à une redite paresseuse de ce qui s’est déjà fait dans les 3 premiers épisodes, sans que cela n’apporte rien de plus à l’intrigue générale ou au personnage de Bourne. On peut même déplorer que le scénario soit, au final, d’une grande pauvreté (mal dissimulé par du jargon technique et un discours sur la frontière entre sécurité intérieure et libertés individuelles), et ce alors qu’il y avait matière à faire mieux en prenant en compte les derniers scandales en la matière. "Jason Bourne" tente, d’ailleurs, de faire écho à l’affaire Snowden mais il n’en tire aucune réflexion construite et, surtout, ne donne aucun point de vue. Les motivations du film ne sont, à ce titre, pas très claires… comme celles de Bourne lui-même, qui se voit même présenté comme un patriote qui s’ignore et qui serait tenté par un retour au bercail ! On est loin du tueur solitaire en lutte contre le système qui l’a créé… D’ailleurs, Matt Damon se contente de ressortir sa panoplie d’action man qui avait fait son succès dans les années 2000… mais ne fait pas évoluer son personnage et ne surprend plus. Les méchants, quant à eux, sont des copies caricaturales de leur prédécesseurs, avec d’un côté, Tommy Lee Jones en chef de service forcément véreux (comme Chris Cooper, Brian Cox ou David Strathairn avant lui) et, de l’autre, Vincent Cassel en homme de main taiseux (comme Clive Owen, Karl Urban et Edgar Ramirez avant lui). Le simple fait de conserver cette dynamique (un chef véreux et un home de terrain taiseux) et ses profils en dit long sur le manque de renouvellement du film. Quant aux soutiens de Bourne, les scénaristes ont rapidement dégagé
la revenante Julia Stiles
de l’histoire au profit d’Alicia Vikander, qui fait presque illusion et aurait pu donner quelque chose grâce à l’ambiguïté de son personnage… si elle avait oser tenter une autre expression faciale ! Le refus de toute originalité se retrouve également au niveau musical puisqu’on nous balance toujours le "Extreme Ways" de Moby pour signaler que le film est fini ! Un point positif cependant :
la course-poursuite finale dans Las Vegas qui laissait présager du pire et qui s’avère finalement percutante et spectaculaire
. Pour le reste, le film se regarde sans déplaisir mais sans surprise… Et pour une saga qui a bâti sa réputation sur son refus d’arpenter les sentiers battus de James Bond, c’est très insuffisant (surtout au vu de l’état de forme actuelle du 007 version Daniel Craig). Il ne faudrait pas qu’un nouvel opus vienne achever l’aura de la trilogie originale.