Une bonne suite, qui ne cherche pas à concurrencer ses prédécesseurs. Neuf ans après la conclusion d'une excellente trilogie et quatre ans après un spin-off oubliable et oublié, Paul Greengrass (réalisateur des deuxième et troisième épisode de la trilogie originelle) rempile pour cette suite/reboot, simplement intitulée "Jason Bourne" (rien que le titre prouve que ce film ne cherche pas à égaler les précédents, évitant le traditionnel schéma "The Bourne ..."). Le scénario du film reprend ce qui faisait l'essence des précédents films Jason Bourne, à savoir la quête identitaire (Jason Bourne sait comment il s'appelait réellement, il cherche à savoir ce qui l'a poussé à rejoindre le programme Treadstone), la critique géopolitique (l'utilisation des réseaux sociaux par les agences gouvernementales), le schéma narratif où Jason Bourne parcourt le globe à la recherche de quelque chose tout en évitant de se faire descendre par ses anciens employeurs, mais en même temps tente d'insuffler quelque chose de neuf, plutôt tourné vers Jason Bourne lui-même
(l'intrigue lancée avec les flashbacks de son père, peut-être précurseur d'une nouvelle trilogie ?)
. On pourrait sur ce point reprocher au film d'être un peu trop classique, tant il récupère et peut paraître redondant par rapport aux précédents opus, et ce côté intime du personnage de Bourne peut en déstabiliser plus d'un (l'amnésie totale était justement ce qui faisait le charme te l'originalité du personnage précédemment). Il n'en reste pas moins que le film se laisse regarder, qu'il est très bien rythmé, qu'on est servi côté action
(la course-poursuite à Las Vegas est juste géniale !)
et qu'il s'impose comme un modèle de mise en scène. Le style très nerveux de Paul Greengrass en déstabilisera plus d'un, mais dans Jason Bourne il est beaucoup plus épuré, rendant les scènes peut-être plus lisibles en restant impactantes (hein Olivier Megathon). Visuellement le film est très terne, l'image est très grise, renforçant l'ambiance violente qui règne tout au long du métrage. Pour parler du casting, et bien il est tout bonnement excellent : le rôle de Jason Bourne colle toujours aussi bien à la peau (désolé) de Matt Damon, bien que l'acteur ait vieilli il reste toujours aussi badass et imposant, Tommy Lee Jones est excellent dans le rôle du boss de la CIA, manipulateur et machiavélique à souhait, Vincent Cassel est vraiment impressionnant et ne tombe pas dans le cliché habituel du sniper, et puis il y a Alicia Vikander (vue dans Ex_Machina et The Man from UNCLE) qui est tout bonnement excellente, à la fois charmante et brillante. Elle vole presque la vedette à Bourne dans le film (remarquez d'ailleurs la manière avec laquelle elle est représentée sur l'affiche, complètement différente de l'habituelle demoiselle en détresse). Pour les amateurs de films d'action simples et efficaces, au casting impressionnant, à la mise en scène violente, et pour les fans de Jason Bourne (sans toutefois espérer une œuvre à la hauteur des trois précédents opus).