Fabrice Luchini a donc reçu le prix d'interprétation au Festival de Venise. Parait que Christian Vincent a, lui, reçu le prix du meilleur scénario au même festival. Aux fous! Car s'il y a bien quelque chose d'absent dans ce pathétique navet, c'est le scénario... Oh, les jurés de Venise, fallait y aller mollo sur les Bellinis!
En ce qui concerne Luchini, il est vrai que, passant de la comédie pure au registre plus sérieux, il a réussi à se débarrasser de ses tics les plus évidents: bouche avalée, œil de poule.... (on peut être un diseur, un raconteur de génie et être un acteur cabotin). On s'en réjouit -mais s'il doit en même temps faire l'acteur pour des nullités comme l'Hermine, ça vaut pas le coup!
Michel Racine, Luchini donc, est président de cour d'assises de St Omer. Il est misanthrope, désagréable, et en plus il donne toujours la peine maximum (pour le réalisateur, en vrai bobo, un bon juge est forcément un juge laxiste). On va juger un type qui a tué son bébé qui pleurait trop, à coup de rangers. Terrible donc. Le type a avoué puis se rétracte. Coupable? Non coupable? On s'en fout. C'est pas le sujet du film. Mais au fait, c'est quoi le sujet du film? Voyons un peu..... un ange passe. Au début, on a une sorte de petit reportage assez sympa sur les coulisses d'une cour d'assise. Mais ça ne dure pas....
Le sujet, c'est que derrière la toge rouge et l'hermine, y a un petit cœur qui bat! Voui, voui, voui. Quinze ans auparavant, le juge a eu un accident gravissime, et voila qu'il reconnait parmi les jurés le médecin qui l'a soigné. Et dont il était amoureux comme un macaque! Boum!
Glou glou glou font les dindons (NDLR: les spectateurs)
Mais boum! Quand notre cœur fait boum!
Tout avec lui dit Boum et c'est l'amour qui s'éveille
Et alors? Ben c'est tout. Au faciès grincheux de l'atrabilaire grippé succède le faciès béat du ravi de la crèche. Que voulez vous, Ditte perdue et retrouvée c'est l'exquise madame Borgen, Sidse Babett Knudsen, à qui on ne fera qu'un reproche, c'est être fagotée comme l'as de pique. Pour Vincent, ça doit être comme ça qu'on s'habille en province.... c'est juste dommage que pour ses débuts dans le cinéma français, on ne lui ait pas proposé autre chose..
Et c'est là que je rentre dans le vif du sujet. Voyez vous, ça se passe à St Omer. Waf waf waf, c'est quoi un habitant de St Omer? un Omerdeux? C'est manifestement ce que pense Vincent, et là on retrouve tout le mépris des petits bobos parisiens dès qu'ils s'attaquent à la province. Que voit -on défiler sur l'écran? Une bande de crétins, de dégénérés graves. Le lieutenant de police est un niais. Quand on lui demande s'il a vérifié les dires de l'accusé, il ouvre des yeux ronds. Ah ben non, i y a pas pensé.... Le médecin psychiatre a du mal à enchaîner deux phrases. Quand aux jurés, là, c'est le pompon. Il y a le libidineux de service, le rigolo de service, une sorte de cagole qui ne se repointera pas le lendemain et Corine Masiero dans un de ses rôles favoris de chômeuse /grande gueule /cracra. Est ce que quelqu'un ne pourrait pas penser à utiliser autrement cette excellente actrice? Qui peut donner tellement mieux? Rien que la pensée de risquer d'être, un jour, aux Assises, jugé par une telle bande de bas-du-front, ça vous remet tout de suite dans le droit chemin. Non, messieurs de Paris, la province c'est pas ça...
Au fait, ce sont les Audomarois, ce qui est plutôt joli.... Et à part ça un seul mot, enfin deux: A FUIR!