C’est le temps qu’il a fallu au peuple tunisien pour renverser le dictateur Ben Ali et ouvrir le champ au plus grand bouleversement géopolitique de ce début de 21ème siècle.
La Tunisie n’a pas fait la révolution pour placer un nouveau pouvoir, mais pour lancer les bases d’un contre-pouvoir d’une société civile face à n’importe quel leadership. C’est en cela que réside la véritable modernité de la révolution.
Démocratie Année Zéro est scindé en deux parties distinctes : « résistance » et « démocratie ». Le premier chapitre s’accentue sur une lutte en perpétuel mouvement pour le renversement de la dictature de Ben Ali (droits sociaux, liberté d'expression...) et sur une lutte contre (arbitraire policier, corruption...). Le second chapitre montre les tâtonnements d'une transition qui se cherche.
Pour se mettre dans le pas de ceux qui n’ont jamais été compromis avec l’ancien régime, Christophe Cotteret et Amira Chebli ont décidé d’adopter le regard de la gauche radicale. Ce n’est donc pas vraiment un film historique car il s’agit d’abord, selon eux, de retracer l'histoire d'une révolte vue par les résistants des premières heures.
La spécificité de Démocratie Année Zero réside en un traitement très précis de la révolution tunisienne. Le réalisateur Christophe Cotteret ajoute : "L’insurrection qui a mené à la chute de Ben Ali, puis Kasbah 1 et Kasbah 2, au-delà de leur importance historique, sont des événements très riches visuellement, contenant une forte charge émotionnelle, et capturée comme telle par de nombreux journalistes et cinéastes. Je serais même amené à dire qu’il y a une esthétique de la révolution tunisienne. A mon sens davantage marquée que dans les autres révoltes arabes."
Le film s’arrête le 26 octobre 2011. A cette même date paraissaient les résultats des élections tunisiennes.
Le sujet du prochain film de Christophe Cotteret tournera autour de la gouvernance d'Ennahdha. Parti politique tunisien islamiste fondé le 6 juin 1981 sous le nom de Mouvement de la tendance islamique (MTI), il est légalisé le 1er mars 2011 par le gouvernement d'union nationale instauré après la fuite du président Ben Ali.