La cinéaste Anne Kunvari et Anne Matalon sont amies de longue date, et avaient déjà travaillé ensemble sur un film qui offrait une réflexion sur la maladie : Consultation, le temps de l’écoute (2003). La cinéaste évoque cette première collaboration : "Ce tournage nous a permis Anne et moi de partager une "expérience" et une réflexion autour de la maladie ; je suis entrée d’une certaine façon dans l’intimité de son cancer. Nous n’avons ensuite jamais cessé d’en discuter."
Après quelques jours de tournage, Anne a été hospitalisée pendant 2 mois, durant lesquels son état s’aggrava considérablement. La cinéaste comprit qu’il lui restait peu de temps… Elle s’interrogea sur l’interruption du tournage, mais Anne insista pour continuer, car il était important pour elle de montrer sa fin de vie.
Le lien entre les deux femmes était si fort, que la cinéaste Anne Kunvari accompagnait Anne à chaque consultation : "Quand ses derniers jours sont arrivés, j’ai considéré que mon rôle consistait à l’aider à avoir la fin de vie qu’elle souhaitait, c’est-à-dire "le moment et la manière" comme elle disait."
C’est Anne Matalon qui a choisi la musique du film, "Elle était souriante" de Montel. "Elle lui ressemble beaucoup et a constitué un support très fort pour construire le film. Ce refus de s’apitoyer, cet humour et cette dérision, cette élégance dans la souffrance caractérisaient Anne et la chanson nous a beaucoup aidés à les insuffler dans le film", raconte la réalisatrice.
Si la cinéaste a filmé Anne jusqu’au bout, c’est en partie pour encourager les débats sur l’euthanasie, et faire changer la loi Leonetti, qui ne laisse cette décision qu’au médecin, et non au malade. "J’espère que ce film aidera tous ceux qui ont accompagné ou accompagneront un jour un de leurs proches ou un de leurs patients. Partager une expérience, donner des éléments de réflexions, questionner la réalité d’aujourd’hui, faire évoluer la loi : le film est fait pour ça", explique Anne.