En plus de faire un film politique, il était également question, avec Red Rose, de traiter les divergences entre deux générations : l'une plus ancienne incarnée par Ali et résignée, acceptant la situation de son pays dans sa réalité la plus dure. Et une plus jeune, aspirant à des jours meilleurs, incarnée par Sara : "Je me suis appuyée dans la mise en scène sur une énergie qui nait de la confrontation, pour faire ressurgir quelque chose de plus subtil et qui dépasse largement l’Iran (...). Du point de vue de l’expérience générationnelle, politique, mais aussi sur le plan de l’Islam, du rapport à la laïcité et à l’émancipation féminine, les problématiques de ce film recoupent celles que l’on peut retrouver en dehors de l’Iran, dans la région et plus loin, même en Europe."
Sepideh Farsi souhaitait également rendre un hommage appuyé au mouvement vert dont elle a fait partie : "C'était un mouvement précurseur, précédant de plus d'un an et demi « Les Printemps Arabes ». Il était innovant en termes de comportement des contestataires et avait des particularités importantes, comme le caractère non violent et laïc des revendications, le recours intensif aux réseaux sociaux, la première résurgence des reporters-citoyens et la présence massive des femmes, qui en faisaient un mouvement d'avant-garde dans la région."
Red Rose a été tourné en Grèce, en raison de l'interdiction de tourner un film sur un sujet si tabou en Iran, avec des acteurs iraniens et en utilisant également des images officielles des manifestations de 2009 que l'on peut trouver sur Internet : "Ces images d’archives représentaient un matériau brut porteur d’une énergie et d’une vérité impossibles à recréer. Filmées par des anonymes, ces images ont été vues par des millions de gens de par le monde grâce à Internet, elles nous étaient presque devenues familières, même si elles ont été un peu oubliées depuis… Utiliser ces images, c’était aussi rendre un hommage à tous ces gens qui ont risqué leur vie pour témoigner". De même, les tweets de Sara dans le film sont des messages authentiques publiés sur la toile au moment des événements.
La réalisatrice a pris un risque très important en traitant des sujets aussi brûlants en Iran que le mouvement vert ou le sexe à l'écran : "Je voulais faire un film frontal, briser les tabous du cinéma iranien, et montrer que l’on peut faire des films autrement, sans se soumettre à la censure du régime (...). Faire ce film était donc un choix fort, un véritable engagement, pour moi comme pour les comédiens: le prix à payer est de ne plus pouvoir retourner en Iran. Aucun d’entre nous n’a hésité, au nom de la liberté de création, de la liberté tout court !", explique-t-elle.
Red Rose a été présenté au Festival International du film de Toronto ainsi qu'à celui de Marrakech où il a choqué une partie du public pour la crudité de ses scènes de sexe.