Avec Ma mère et mon père (Annem ve Babam), Müret Isitmez a voulu rendre hommage à ses parents, victimes de l'immigration, en les mettant au centre de son documentaire. En effet, outre leur courage, la réalisatrice a voulu mettre en avant que l'immigration, très souvent, est subie et non choisie.
A travers l'histoire personnelle de ses parents, c'est celle de plusieurs générations d'immigrants que la réalisatrice a voulu exposer au public.
Ma mère et mon père (Annem ve Babam) sort en même temps que le cinquantenaire de la signature de la convention de la main d’œuvre entre la France et la Turquie (1965).
En plus de quatre chansons traditionnelles turques, intégrées au film pour lui donner une touche poétique, la réalisatrice Müret Isitmez a décidé de mettre un témoignage de son père fait des années auparavant, qu'il avait enregistré sur une cassette audio pour sa famille restée en Turquie.
A l'image des parents de Müret Isitmez, qui ont vécu les quinze premières années de leur mariage séparés, l'histoire est séparée en deux segments : celui du père et celui de la mère. Les deux seules séquences qui les montrent ensemble sont celles du mariage en Turquie et celle de leurs retrouvailles à Strasbourg.
Müret Isitmez a utilisé deux caméras pour tourner son film. La première était utilisée par la cinéaste pour capter le témoignage de ses parents tandis que la deuxième caméra la filmer elle et son équipe. Elle explique : "Je voulais d’abord une caméra qui filme l’histoire de Gülperi et Hasan, leur parcours respectif, leur témoignage. Mais je voulais dans le même temps une caméra qui saisisse le contre-champ de cette aventure, celui d’un tournage et, en l’occurrence, d’une réalisatrice accompagnée de son équipe technique, questionnant ses parents. Ainsi, l’utilisation d’une deuxième caméra s’avérait essentielle dans ma volonté d’illustrer le film de ma démarche d’auteure et d’enfant."
Si avec Ma mère et mon père (Annem ve Babam), Müret Isitmez souhaitait raconter l'histoire de ses parents et plus largement celle de l'immigration, il s'agissait aussi pour elle d'effectuer un voyage dans sa propre histoire et de découvrir la terre de ses ancêtres.
Une partie du tournage a eu lieu dans la région "kurde" de Tunceli, anéantie en 1938 et encore aujourd'hui sous contrôle militaire. Mais la jeune réalisatrice n'a heureusement pas eu de mal à collaborer avec les forces militaires turques.
Ma mère et mon père (Annem ve Babam) a été sélectionné au Festival Regards sur le Cinéma du Monde de Rouen.