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    Au Revoir Là-haut
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Au Revoir Là-haut" et de son tournage !

    Un Goncourt à l'écran

    Au revoir là-haut est l'adaptation du roman homonyme de Pierre Lemaitre, récompensé par le Prix Goncourt en 2013.

    Genèse du projet

    Albert Dupontel explique la genèse du projet Au revoir là-haut :

    "En plus de mon énorme plaisir de lecteur, je trouvais le livre extrêmement inspirant. J’y ai vu un pamphlet élégamment déguisé contre l’époque actuelle. Tous les personnages me paraissaient d’une modernité confondante. Une petite minorité, cupide et avide, domine le monde, les multinationales actuelles sont remplies de Pradelle et de Marcel Péricourt, sans foi ni loi, qui font souffrir les innombrables Maillard qui eux aussi persévèrent à survivre à travers les siècles. Le récit contenait également une histoire universelle, dans le rapport d’un père plein de remords, à un fils délaissé et incompris. Et enfin, l’intrigue de l’arnaque aux monuments aux morts créait un fil rouge donnant rythme et suspens au récit.

    Tous ces éléments ont fait que pour la première fois pourmoi une adaptation me paraissait faisable et judicieuse. De surcroit le livre de Pierre Lemaitre est un véritable mode d’emploi pour un scénario tant son écriture est visuelle et ses personnages parfaitement définis psychologiquement, le tout dans une narration aux rebondissements continus."

    Une deuxième grande première

    Ce n'est pas la première fois qu'Albert Dupontel et l'auteur Pierre Lemaitre sont associés sur un film, puisque l'acteur devait être la tête d'affiche de Cadres noirs, d'après l'oeuvre homonyme du romancier. Annoncé en septembre 2012, le projet n'a toutefois pas avancé depuis.

    13 versions

    Albert Dupontel a révélé que la version du scénario qui a été utilisée pour le tournage a été la 13ème ! La version 0 a été écrite en 3 semaines ; le cinéaste a ensuite eu 2 rendez-vous avec l'auteur Pierre Lemaitre, notamment pour discuter du dénouement de l'histoire. Dupontel a en effet changé la fin par rapport au livre, le tout avec l'aval de l'écrivain.

    Aller à l'essentiel

    Albert Dupontel a souhaité aller à l'essentiel en adaptant le livre de Pierre Lemaitre. Il a notamment placé l'intrigue de l'arnaque très tôt dans le film alors que celle-ci intervient dans le dernier tiers du livre : "Le spectateur est beaucoup plus paresseux que le lecteur. Pour garder rythme et attention, j’ai relié tous les personnages entre eux, encore plus que dans le livre afin que tout renvoie à tout. Par exemple, c’est Edouard qui met Merlin sur la piste de Pradelle pour se venger de celui-ci. Cette transition n’existe pas dans le livre. Et pour finir, j’avais très envie de la rencontre Péricourt père – fils et de ce dialogue sur la terrasse du Lutetia, ainsi que d’un règlement de compte Maillard – Pradelle. Là aussi, je pense que le spectateur en a besoin mais pas forcément le lecteur", explique le metteur en scène.

    La révélation Nahuel Perez Biscayart

    Albert Dupontel a découvert le comédien Nahuel Perez Biscayart, révélé depuis dans 120 battements par minute, lors d'un casting en juillet 2015 : "Dès le premier contact, j’ai senti qu’il y avait là un Edouard Péricourt. Son regard, sa façon de bouger, sa mine impertinente et ironique, tous les indices étaient là. J’ai été bluffé par sa maturité, la constance de son travail, son absolue rigueur sur le plateau. Il a fini par condenser tout son personnage dans son regard. Je n’avais plus qu’à le filmer", confie le réalisateur.

    Bouli Lanners out

    Au départ, c'est Bouli Lanners qui devait interpréter le rôle d'Albert Maillard avant que Dupontel ne décide de l'endosser lui-même :

    "Sur ce film, il n’était pas du tout prévu que je joue le rôle d’Albert Maillard. Un de mes acteurs favoris, pressentis depuis presque un an, devait endosser le rôle. Mais à quelques mois du tournage, en surmenage, il m’a avoué ne pas pouvoir participer à l’aventure. Je me suis lancé dans un casting frénétique mais beaucoup d’acteurs pressentis étaient déjà pris. Quant aux autres, j’ai croisé beaucoup de grands talents et pas vraiment ce que je cherchais. Je me suis donc résolu par nécessité plus que par désir à interpréter ce rôle. Le surcroît de fatigue a été réel mais me calant sur le jeu et l’écoute des autres acteurs du film, petit à petit, Albert Maillard a fini par naître. Par ailleurs le fait de jouer et de réaliser crée souvent un effet « Pont d’Arcole » et j’ai le sentiment que les acteurs s’impliquent davantage quand le metteur en scène est aussi l’un des leurs", analyse le réalisateur.

    La révélation Héloïse Balster

    Pour trouver Héloïse Balster, la fillette qui incarne Louise dans le film, Albert Dupontel a eu recours à ce que l'on appelle le casting sauvage : "Parmi les dizaines de petites filles, son visage faussement boudeur a capté la caméra. Sa spontanéité, son enthousiasme ont fait le reste. On l’a parfois volée, cela en était encore plus spectaculaire. De plus, la complicité avec Nahuel Perez Biscayart était parfaite, et cela a beaucoup servi le film", se souvient le cinéaste.

    Reconstitution historique

    Albert Dupontel explique la manière avec laquelle il a abordé la question de la reconstitution du Paris des années folles dans Au revoir là-haut :

    "Intellectuellement, énormément de lectures : Erich Maria Remarque, presque tous ses livres, La Peur de Gabriel Chevallier, Orages d’acier d’Ernst Jünger, Les Croix de bois de Roland Dorgelès, Le Feu d’Henri Barbusse, tous les récits autobiographiques de Maurice Genevoix, et pléiade d’autres livres. Mais aussi énormément de films d’époque dont quelques-uns revus avec beaucoup d’insistance dont les deux adaptations A l’ouest rien de nouveau de Lewis Milestone et Les Croix de bois de Raymond Bernard. Mais aussi Les Ailes de William WellmanLes Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, ainsi que moult documentaires dont le spectaculaire Apocalyspe 1ère guerre mondiale dont j’ai sollicité un des coloristes pour la colorisation de ce film.

    Visuellement avec Cédric Fayolle, créateur des VFX sur ce film. C’est la 1ère personne que j’ai contactée, avant même d’avoir écrit le scénario. Il s’agissait de « mentir » au public pendant plus de 2 heures. Il s’est prêté au jeu avec délectation et enthousiasme. Sur la base de mon storyboard, de photos, de suggestions, de décors repérés et validés, il a créé cet univers lointain que sont les années 20. Quelques performances à saluer : le rapatriement des soldats, filmé depuis une gare déserte à Versailles et la scène finale au Maroc tournée… sur le parking du studio. La qualité du travail est telle que parfois je n’arrivais plus à distinguer le vrai du faux. Par ailleurs je lui ai confié la réalisation de la seconde équipe et je lui dois quelques plans très réussis", relate le metteur en scène.

    La places des masques

    Les masques tiennent une place importante dans Au revoir là-haut, notamment avec le personnage d'Edouard Péricourt (Nahuel Perez Biscayart), défiguré pendant la guerre :

    "Avec Cécile Kretschmar, presque co-auteur du personnage d’Edouard, du fait de la suggestion et de la création des masques, souvent différents des descriptions des masques du livre. L’idée était de suivre la psychologie d’Edouard tout au long du récit et d’en trouver l’expression : tristesse, ironie, délire, abstraction… En se référant aux années évoquées dans l’histoire, on n’avait que l’embarras du choix tant la création artistique du début du XXème siècle était en pleine mutation. Du cubisme au surréalisme, la prolixité de ces artistes nous proposait un véritable coffre à jouets dans lequel Cécile est allée piocher.

    Du premier masque (bleu type vénitien) qui permet à Edouard de reprendre une forme humaine au masque ironique, professeur des Beaux-Arts (qui louche langue pendante) qui évoque son dédain du dessin académique, à celui de Fantômas, véritable icône des feuilletons de l’époque, on a décliné tous les états intérieurs en leur donnant un visage humain. J’ai une faiblesse pour le visage de femme dit abstrait

    (variante d’un portrait à la Picasso)", déclare Albert Dupontel.

    Ennio Morricone et Nino Rota en guests

    Albert Dupontel a fait appel au compositeur Christophe Julien pour écrire la musique d'Au revoir là-haut :

    "La musique originale est l’oeuvre de Christophe Julien avec qui je travaille depuis Le Vilain. C’est un mélodiste très doué. Si pendant la préparation on a évoqué les grands compositeurs de l’époque, Ravel, Milhaud, Fauré, Gershwin, il a fait surtout acte de création personnelle avec deux thèmes forts, celui de la scène Péricourt père / fils et le thème final. A noter que le thème angoissant de Pradelle se veut une disharmonie ravelienne.

    Pour le reste, j’ai sollicité la production pour avoir les droits de deux morceaux de compositeurs iconiques : Nino Rota (Raquel) pour la scène où Edouard amuse Louise avec ses masques et Ennio Morricone (Suspicion) pour le thème de Merlin. Ainsi que Fletcher Henderson pour la séquence de fête au Lutetia (Variety Stomp). Et enfin pour finir sur les indications du goût très sûr de mon monteur (Christophe Pinel), on a acheté quelques morceaux existants, surtout Rachel Portman et Debbie Wiseman", explique le cinéaste.

    Comment parler sans voix ?

    Nahuel Perez Biscayart revient sur sa façon d'appréhender le rôle de Péricourt, défiguré par une blessure de guerre et incapable de parler normalement :

    "Je me souviens que le point de départ des essais était quelque chose comme « Comment parler sans voix ? ». Clairement c’était une contradiction en soi et j’ai senti que cela allait être compliqué. Pour trouver une voix de gorge j’ai regardé beaucoup de vidéos sur la voix oesophagienne. C’est une nouvelle manière de produire des sons que les personnes à qui on a enlevé les cordes vocales pour des raisons de santé, doivent apprendre si elles veulent continuer à parler. Cela consiste en un enchaînement de rots et cela prend beaucoup de temps à apprendre. Pour les besoins du film, ce n’était pas nécessaire d’aller aussi loin, mais cela m’a permis de trouver une couleur gutturale, un son profond et caverneux. En ce qui concerne le visage, nous nous sommes beaucoup servis du regard évidemment et des masques : les masques sont là pour exprimer tout ce qu’un visage caché ne peut pas exprimer. Le fait d’avoir supprimé en grande partie le potentiel de la voix et du visage, cela a produit un éveil du corps et une gestuelle qu’Albert Dupontel a voulu rapprocher de la commedia dell’arte."

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