Mary Shelley est le premier film en langue anglaise de la réalisatrice Haifaa Al-Mansour. Non contente d'être la première femme réalisatrice d’Arabie Saoudite, elle est aussi la première femme saoudienne à mettre en scène un film à Hollywood. Elle témoigne : "Après avoir évolué dans des systèmes très rigides, où il faut faire très attention aux sujets sensibles et à la façon dont on s’exprime, travailler sur un projet hors de tout cadre normatif était une expérience libératrice".
La réalisatrice a d'abord hésité à mettre en scène Mary Shelley car elle n'avait jamais fait de film d'époque en costumes. Mais à la lecture du scénario, elle a fait un parallèle entre le destin de la femme de lettres britannique et le sien : "J’ai reconnu en Mary Shelley une âme soeur. J’ai grandi en Arabie Saoudite, dans un environnement où les femmes n’ont pas les mêmes droits que dans la culture occidentale, et en tant qu’artiste, j’ai dû me battre pour faire entendre ma voix. Mary Shelley est l’histoire d’une jeune femme en passe de devenir adulte dans la société conservatrice du 19ème siècle, qui cherche à s’exprimer et à s’affranchir des superstitions".
À l'instar du précédent film d'Haifaa Al-Mansour, Wadjda, Mary Shelley met en scène un personnage féminin qui lutte contre le carcan social duquel elle cherche à s'émanciper : "Ce sont des femmes qui écoutent leur coeur sans remords, en dépit des normes et des attentes de la société, et qui triomphent sans faire de compromis".
Bien que deux cents ans séparent le récit de Mary Shelley de celui de Wadjda, son propos est encore d'actualité : "Ces jeunes gens repoussaient les limites de la société. Enlevez-leur leurs costumes, et je pense que tous les jeunes de 18 ou 19 ans pourront facilement se retrouver en eux".