Environ un citoyen israélien sur cinq est un Palestinien (avec une minorité chrétienne d'un peu moins de 10 %, parmi ces Arabes). Cette anomalie est historique, et date de la fin du mandat britannique, et de la création de l'état hébreux (1947/1948). Il était une fois une gentille famille arabe (musulmane) à passeport israélien, vivant paisiblement dans une localité essentiellement peuplée d'autres Arabes israéliens : le père, la mère, 3 fils et la grand-mère, côté paternel. Le plus jeune des enfants, Iyad, est particulièrement éveillé et ses excellents résultats scolaires lui permettent de briguer une entrée dans le meilleur internat secondaire de Jérusalem, pour y préparer l'équivalent du bac. Il y sera le seul Arabe. Rapidement accepté. Par le corps professoral, forcément "progressiste" (comme tout corps professoral, qui se respecte). Et même par ses condisciples (à quelques abrutis près), parce que c'est un garçon de grande valeur, et qu'à exemplaire unique, et avec de la bonne volonté de part et d'autre, il n'y a pas de souci d'intégration. C'est un lycée mixte. Une jolie Ashkénaze, Naomi, sera son premier amour (façon, quand même, Roméo aime Juliette - car les préjugés des parents ont la vie dure, dans un pays qui n'a connu que la guerre et est victime du terrorisme depuis ses origines, guerres contre des Arabes du voisinage - guerre du Liban et 1ère guerre du Golfe dans le film - et terrorisme palestinien, au quotidien..). Mais surtout Iyad rencontre l'amitié, celle de Yonatan, l'unique enfant d'Edna (Yaël Abécassis - juive marocaine d'origine, cousine de l'écrivain Eliette Abécassis, et militant pour la reconnaissance par Israël d'un état palestinien...), qui a dû quitter le lycée, sa dystrophie musculaire évoluant en mode galopant.... Ce nouvel opus d'Eran Riklis ("La fiancée syrienne") commence dans l'atmosphère bon-enfant d'une communauté soudée, filmée comme une bourgade italienne des années 60 (même si l'écho des conflits régionaux y est prégnant), pour devenir rapidement un récit d'apprentissage. Iyad s'accomplira en "Yonatan" (à chacun d'apprécier ses raisons... ), tirant parti d'une certaine ressemblance de photos charbonneuses, sur des documents officiels, observée en premier par le jeune infirme.
Mais cette "usurpation" d'identité, progressive, puis frontale, se fait avec l'accord d'Edna, et c'est un acte d'amour. Maternel : "Mon fils"..
. "Les Citronniers" (2008), c'était une touchante parabole, où le contexte politique, les tensions géostratégiques, étaient essentiels. Ici, Riklis réussit une histoire qui peut être lue à plusieurs niveaux. Le contexte politique, voire géostratégique, y est bien sûr important, mais, au-delà, les enjeux sont "simplement" humains : le deuil (plusieurs scènes bouleversantes, dont une, hautement symbolique), la maladie, les sentiments et leur complexité, la famille (d'origine, et de "coeur")..... Belle mise en scène, et bons acteurs, au service de thématiques fortes, mais abordées avec finesse.