Le Combat ordinaire est l'adaptation d'une bande dessinée du même nom de l'auteur Manu Larcenet pour laquelle il reçut notamment la distinction du Fauve d'Or au festival de la bande dessinée d'Angoulême en 2004.
Manu Larcenet fait partie des auteurs de bande dessinée français les plus en vogue. Distingué au Festival d'Angoulême à plusieurs reprises pour la qualité de ses albums, il n'a pas manqué d'interpeler le cinéma qui lui a souvent fait des propositions pour porter ses oeuvres sur grand écran. Mais l'auteur a toujours refusé que ses albums soient adaptés par peur de la trahison de son propos. Toutefois convaincu par tout le travail que Laurent Tuel a fourni en amont du tournage de son film, il s'est laissé convaincre et a donc donné son accord.
Le Combat ordinaire rejoint cette tendance que l'on observe depuis quelques années dans le cinéma d'auteur français à adapter des bandes dessinées. On pense notamment aux Petits Ruisseaux de Pascal Rabaté tiré de son album du même nom ou de Lulu Femme nue de Solveig Anspach adapté de la bande dessinée d'Etienne Davodeau si l'on s'en tient strictement au registre du cinéma d'auteur. Mais on pense bien sûr également aux adaptations plus "grand public" du Marsupilami avec Sur la piste du Marsupilami par Alain Chabat, de Boule et Bill du tandem Alexandre Charlot et Franck Magnier ou encore bien évidemment au dernier volet des aventures d'Astérix, Astérix et Obélix : au service de sa majesté signé par Laurent Tirard.
Le rôle principal du film est tenu par Nicolas Duvauchelle. Pourtant, à l'origine, un autre comédien devait l'interpréter, à savoir Manu Payet. Ce n'est que lorsque le projet s'est mis en route que le changement d'acteur a eu lieu.
Le Combat ordinaire a été tourné en Bretagne ainsi qu'en Dordogne. Filmer en Bretagne, du côté de Lorient, a rappelé des souvenirs au réalisateur, puisque ce dernier est né à Quimper et a passé toutes ses vacances au camping de Larmor-Plage.
Dans la bande dessinée, l'action se passe notamment sur le port de Saint-Nazaire. Or, le film de Laurent Tuel a fait une légère entorse à l'album de Manu Larcenet en déplaçant l'intrigue au Port de Lorient. Un choix dont le producteur Christophe Rossignon est à l'origine, ce dernier trouvant le port de Saint-Nazaire trop grand et trop industriel, tandis que celui de Lorient avait une taille plus humaine et de ce fait était plus en phase avec l'histoire du personnage de Marco.
La bande originale du film est signée par le musicien Alexandre Longo, plus connu sous le nom de Cascadeur. Celui qui fut notamment primé aux dernières Victoires de la Musique signe ici sa première partition originale pour le cinéma même si on notera que ses morceaux ont déjà auparavant été utilisés dans les séries Clash et Chérif.
Adapter une bande dessinée au cinéma peut relever d'une double gageure si l'on prend en compte qu'il faut respecter non seulement l'intrigue d'origine mais aussi dans une certaine mesure, les dessins y figurant. Pour Laurent Tuel, ce n'est pas tant les illustrations qui ont pu faire peur. Le réalisateur s'est en effet davantage intéressé aux qualités littéraires et romanesques de l'oeuvre de Manu Larcenet ainsi qu'au parcours émotionnel du personnage de Marco.
Si les premiers rôles du film sont tenus par les comédiens confirmés Nicolas Duvauchelle et Maud Wyler, l'équipe de tournage a également souhaité faire appel à des acteurs non-professionnels pour camper différents seconds rôles comme des ouvriers, des dockers ou des clients de bar. Pour ce faire, un vaste casting a été organisé à Lorient en juillet 2014.
Le Combat ordinaire est la résultante de plusieurs envies pour le réalisateur Laurent Tuel. Il explique : "Avec Christophe Rossignon et Philippe Boëffard (Nord-Ouest Films), nous cherchions, depuis un moment, une belle raison de travailler ensemble. Mon désir était de faire un film loin de Paris, où la nature, les paysages, auraient une place importante dans l'histoire des personnages. Christophe m'a parlé du "Combat ordinaire" dont j'avais lu le premier tome au moment de sa sortie en librairie... J'ai donc lu la suite. Comme pour beaucoup de gens, j'y ai retrouvé des éléments très personnels qui résonnaient avec mes questions de l'époque."
Le film est une adaptation de non pas un mais quatre tomes du "Combat ordinaire". Le metteur en scène a ainsi dû resserrer quelque peu les intrigues et s'est surtout focalisé sur le personnage principal, incarné par Nicolas Duvauchelle. Pour autant, le film est assez fidèle à la bande dessinée notamment en ce qui concerne les dialogues qui ont séduit Laurent Tuel et qui, de ce fait, ne les a pas modifiés lors de leur passage sur grand écran.
Laurent Tuel se défend d'avoir fait un film politique même s'il explique qu'il n'a pas éludé la question : "Mon projet est avant tout de faire une oeuvre romanesque. Mais l'histoire couvre plus de trois ans de la vie du personnage et donc la politique, ou tout du moins son climat, ne pouvait être évincé."