(...) En soi, je n'ai rien contre ce genre de récit hyper codifié, qu'on a déjà vu mille fois, mais qui a le mérite de s'intéresser à corps de métier peu montré au cinéma, ou même dans les séries. Bien sûr, on a droit à tous les poncifs du genre, des dialogues sans surprise, des situations qu'on connaît par coeur, mais il émane de ce film un profond respect pour son sujet, tandis qu'il appose un traitement bien vu qui lui permet de toucher à des sujets plus vastes. Le tout avec des acteurs excellents, qui défendent certes des archétypes mais qui ont un peu plus de chair que dans la plupart des blockbusters. Ainsi, le personnage de Josh Brolin ne diffère en rien de ce qu'on a déjà vu ailleurs mais le couple qu'il forme avec Jennifer Connelly permet au film de décoller en certaines occasions, et pas seulement grâce au joli minois de l'actrice. En effet, cette dernière apparaît comme une femme fragile, toujours sur un fil émotionnel très tenu, mais c'est aussi un personnage fort, porté par une actrice trop souvent sous-employée dans des blockbusters récents ("Le jour où la Terre s'arrêta" version 2009, "Noé") et qui sort là une prestation assez incroyable, puissante et habitée. Chaque scène avec son partenaire est un beau moment de jeu, qui culminera dans une scène de dispute qui commence dans la voiture. Ensuite, le film nous immerge dans cette communauté, qui ressemble à un groupe de soldats avec ces hommes bien virils, qui exhibent leurs corps musclés en jouant au jeu du fer à cheval ou bien qui s'amusent à grimper au sommet du colline pour mieux en redescendre, le tout en ne transpirant presque pas. Au milieu de tout ça, le jeune novice se remet en selle, reprend sa vie en main et apprend à devenir papa. Un déluge de bons sentiments qui repoussera les plus cyniques d'entre vous mais qui pourrait fort bien convenir à ceux qui n'ont pas peur de se dévoiler. Le sujet est noble, le traitement assez digne, les acteurs sont très bons mais seulement voilà, le film est très inégal, bien trop long et surtout, bien trop lisse. Les qualités de Kosinski sont toujours bien présentes dans les scènes plus mouvementées, le bonhomme sait composer ses cadres, offrir de belles lumières et il met vraiment bien en valeur la dimension physique du métier tout en signant quelques plans spectaculaires (avec des effets spéciaux parfois un peu trop voyants), mais voilà, il se plante dans une scène cruciale du film selon moi. Bon, autant vous dire que ça divulgâcher comme un sagouin.
Lorsque Miles Teller se pointe au gymnase, en tant que seul survivant de son unité, il se retrouve face à toutes les familles de ses camarades morts au feu. Et là, le montage enchaîne avec plusieurs plans montrant quelques réactions des familles. La scène reste poignante mais elle aurait pu être encore plus marquante. En effet, je pense vraiment qu'il aurait dû enchaîner avec un panoramique assez lent sur l'ensemble de la salle, avec toutes les réactions presque simultanées des familles, histoire de laisser plus de place à l'émotion, le tout aucune musique
. Là, il tenait quelque chose. En soi, le film est loin d'être mauvais, il compte plusieurs bons passages mais je trouve qu'il reste trop focalisé sur le drame pur. Ainsi, il ne prend aucun recul sur les circonstances, il reste purement dans l'émotionnel presque trop facile. Si on assiste bien aux circonstances ayant entraîné la mort des pompiers, avec les quelques couacs de l'intervention, on ne saura jamais vraiment ce qui s'est passé. (...) En restant trop près de ses personnages, Kosinski omet toute une mise en perspective qui aurait sans doute apporté plus de profondeur à son film, ainsi qu'un regard plus critique. A la place, il s'enferme dans l'hommage illustratif. Un peu dommage donc. La critique complète sur thisismymovies.over-blog.com