« Plonger » aborde toute une thématique très représentative et significative de l’air du temps...
Le mal être d’un individu, ici une photographe perturbée entre le démon de la création et la naissance de son enfant, est le reflet d’un fait de société très en vogue, où maintenant chaque être doit se réaliser coûte que coûte, quitte à tomber dans un égoïsme monstrueux pour ceux qui l’aiment et l’accompagnent...
Le problème de Paz/Dolorès se situe bien à ce niveau, une réussite personnelle indéniable, apparemment un grand talent et l’amour d’un homme qui lui donnera un enfant, même si elle n’en désire pas, il est vrai !
Faut-il pour autant tout abandonner et vivre pour soi et uniquement pour soi, en faisant abstraction de ceux qui nous entourent, quitte à rendre malheureux un enfant qui n’a rien vécu, ni rien demandé de tel ?
Ce film plutôt prétentieux à l’image de notre photographe, n’essaie pas de juger pour autant mais révèle à travers cette histoire la difficulté de l’Homme actuel à partager, à écouter, à comprendre, ceci dans un naturel et une simplicité qu’il n’est plus de bon ton d’avoir, tant le besoin d’intellectualiser sa souffrance psychique prend le pas sur ce que doit être la vraie VIE !
Ici Mélanie Laurent met bien en scène tout ce propos, en l’illustrant dans un excès de démonstration qui rend notre héroïne finalement suffisante et froide (Maria Valverde), en tous cas bien en décalage total avec son monde qui l’entoure.
Pour l’accompagner et ensuite la perdre, finalement Gilles Lellouche s’en tire mieux, en étant plus convaincant dans ses sentiments, plus sincère et plus touchant, jusqu’à très bien exprimer son ressenti comme lorsqu’il reprochera à Paz de vivre seule dans sa tête et non pour eux trois !
Tout ce mal être qui se traîne tout au long de cette histoire paraît au fond bien dérisoire et le devient encore davantage par le choix de la réalisatrice d’avoir voulu mettre en place une situation artificielle en rapport avec ce fameux titre « Plonger » !
Car au fond, même s’il est contestable, ce film se tenait à lui seul par cette problématique du couple qui était déjà suffisante en soi pour nous amener à comprendre ou à accepter ce que vivait et ressentait cette compagne et mère, « coincée » dans son univers.
Le fait de s’aventurer dans un tel échappatoire discrédite encore plus le récit de cette vie, déjà plus ou moins compréhensible pour un homme lambda confronté à des difficultés du quotidien plus terre à terre comme celle de boucler ses fins de mois et de pouvoir nourrir et élever dignement ses enfants !
Mais au fond, tout peut faire l’objet d’un film et pourquoi pas ?
Reste quand même une impression d’auto-suffisance égoïste qui passe difficilement, mais qui doit en tarauder cependant plus d’un...
Et dont cet exemple précis à travers le destin de Paz, n’apporte aucun élément concret pour nous convaincre de l’accepter et de le comprendre en tant que tel.
On ressort donc de cette séance plutôt perplexe et par contre convaincu que l’Homme moderne se replie de plus en plus sur lui-même, centré dans une auto-analyse perpétuelle, complètement pathétique, dévastatrice et destructrice pour notre société, qui elle de son côté, prône hypocritement tout le contraire, c’est à dire des valeurs d’entre-aide et de solidarité...
Un exercice un peu vain dans ce qu’il a à nous enseigner, et donc qu’en restera-t-il ?