‘Plonger’, c’est l’histoire d’une liaison, que les premières minutes du film décrivent comme sauvage et passionnée, entre César et Paz, lui grand reporter rangé des voitures, elle, photographe en quête d’absolu, que l’inéluctable retour à la réalité va progressivement dépouiller de sa muse. Enfermé dans un quotidien facile et tout tracé pour elle, Paz s’étiole: son inspiration la déserte, tout comme l’étincelle qui la rendait unique. Les relations se tendent, l’arrivée d’un enfant les complique encore, elle n’a d’autre choix que de fuir pour se retrouver : plonger dans l’inconnu en quelque sorte...plus prosaïquement, plonger à la rencontre des requins, puisque pour oublier son quotidien étouffant, Paz s’est entichée d’un requin qu’elle a virtuellement adopté, et dont elle peut suivre les déplacement via une balise. Ce sera au tour de César de mener sa propre quête, pour comprendre, approcher la vérité et accepter. Bon, je vous l’ai résumé en mode lyrique, un brin pompeux...mais c’est pour bien vous faire comprendre que tout le problème de ‘Plonger’, c’est qu’il voudrait bien rendre exceptionnel, à grands renforts de montage syncopé, de plans et d’éclairages malickiens, de sentiments ambigus et de paroles sibyllines, ce qui n’est finalement qu’un schéma banal et récurrent du cinéma dramatique français...et qu’il échoue à lui conférer la touche qui pourrait faire la différence. Pourtant, Je ne doute pas un instant que le roman devait être très bien : il n’a pas reçu le Grand Prix de l’Académie française et le prix Renaudot des lycéens pour rien, j’imagine. Mais voilà, passé par le prisme réducteur du cinéma, il perd des plumes au passage et manque de chance, ce sont celles qui lui permettaient de voler...euh plonger. En tout état de cause, ce n’est pas (trop) la faute de Mélanie Laurent : elle signe quelques belles séquences, d’autres plus maladroites et, si on peut lui reprocher de faire du sous-Malick, elle a au moins le mérite de ne pas s’écouter scripter. Même remarque pour les acteurs : la radieuse et solaire Maria Valverde et Lellouche qui, pour une fois qu’il sortait de ses rôles de gros beauf, s’en tirait avec les honneurs. Au final, ‘Plonger’ n’est pas complètement raté mais à vouloir faire transparaître l’âme du roman à l’écran, Mélanie Laurent choisit la posture auteurisante stérile et s’y casse les dents une fois sur deux. On sent bien trop clairement que l’ambition de la chose était d’une toute autre envergure que ce qu’on a sous les yeux. On lui pardonnera volontiers ce petit pas de côté : ceux qui n’échouent pas sont ceux qui ne tentent jamais rien.