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On y croyait toujours un peu, mais son retour semblait de plus en plus se figer comme une ombre lointaine. « Snowden » semblait donc au premier abord le sujet évident dans les mains du plus sarcastique et piquant des réalisateurs américains. Sa liberté de ton en a fait un metteur en scène utile et nécessaire du 7ème art. Les héros de Stone ne sont pas de cape et de collants. Cela a toujours été les citoyens américains (principalement) qui luttaient contre un système, pourfendeurs d’une bonne conscience made in USA.
Comme souvent chez Stone, le casting étoilé a toujours son importance, autant de par la composition de ce dernier que par le rôle principal régulièrement tenu par un comédien, doué et charismatique. Comme le mimétisme de Val Kilmer dans « The Doors », d’Anthony Hopkins dans « Nixon », Joseph Gordon-Levitt endosse parfaitement le rôle d’Edward Snowden. C’est ce qui marque en premier lieu. Pour qui a pu voir « Citizenfour » (excellent documentaire oscarisé sur l’affaire Snowden) dès les premiers plans, Joseph Gordon-Levitt embrasse son rôle d’un accord majeur. Voix identique, mimiques, gestes, tenu et façon de s’exprimer, nous bluffent. Tout semble être réuni pour faire de « Snowden » le film attendu. L’intelligence de Stone est d’avoir voulu rendre immédiatement accessible cette affaire aux contours parfois complexes. Aussi il ne s’embarrasse pas d’instants de vie à rallonge pour ce qui n’est en rien un biopic (uniquement centré sur l’affaire et les années post scandale) et réussi de manière très explicite à mettre son personnage dans un contexte limpide (malgré certaines séquences purement inventées pour le bon déroulement de la fiction). Et l’idée majeure du film, basée sur la vraie relation de Snowden et Lindsay Mills (brillamment interprété par Shailene Woodley), est certainement d’avoir fait de son personnage un citoyen américain lambda, l’humaniser et le confronter à ses convictions politiques et ce au sein même de son couple, discret fil conducteur de ce combat pour la liberté. (...) Objecteur de conscience du politique libérale et capitalisme, le metteur en scène réalise avec saveur un film nécessaire pour comprendre les dessous d’une affaire majeure dans l’atteinte à nos libertés. Moins rentre dedans que par le passé, la subtilité et la finesse qu’il injecte dans son film, dont le fil rouge serait la relation sentimentale du couple Snowden-Mills, pierre angulaire du film pour démontrer le sacrifice que son héros a du faire.
Brillant le film l’est assurément, bien que peu spectaculaire (heureusement), le concentré délivré ici est bien plus subtile, sans pour autant réduire la complexité des évènements qui ont amené Snowden à devenir la figure d’une certaine liberté de tout une génération, d’une époque.
Et, à fin de donner un impact majeure à son récit, une dernière surprise s’offre au spectateur afin de lui rappeler que ces deux heures de fiction sont proches d’une réalité qui nous concerne tous. Et si le «…je n’ai rien a caché… » de Lindsay Mills nous renvoie directement à un raccourci de pensée qu’il faudrait mieux éviter, en simplement quelques mots, Oliver Stone confronte intelligemment le spectateur à son propre statut de citoyen, à la subjectivité de sa pensée, de sa conscience, et semble être définitivement de retour.