Le problème, aujourd'hui, avec les films d'épouvante de la firme Blumhouse destinés principalement au marché VOD/DVD, c'est qu'on a bien plus peur avant de les découvrir que pendant leur visionnage...
Chaque bonne surprise (au hasard : "Creep", "Curve" ou "Hush") entraîne une sorte de doppelgänger invraisemblable qui se donne pour mission de renvoyer la notion même de la médiocrité aux confins de l'espace (au hasard : "Visions", "The Darkness" ou "The Veil"). On pourrait presque en dire autant pour leurs films sortis sur grand écran mais, récemment, le retour de M. Night Shyamalan ou le prochain "Get Out" accueilli de manière dithyrambique laissent tout de même augurer de meilleurs lendemains.
Voilà donc qu'arrive entre nos mains fébriles ce "Viral" réalisé par le tandem Ariel Schulman/Henry Joost ("Paranormal Activity 3 & 4", "Nerve"), une énième histoire d'infection bizarre.
Alors qu'en Chine, une épidémie à base de vers frétillants parasites fait des ravages, les États-Unis prennent des mesures drastiques pour éviter que la contamination atteigne leur territoire. Pas de bol, la "maladie" réussit à franchir leurs frontières et atteint la petite ville où une famille vient justement d'emménager...
L'héroïne coincée, sa grande soeur délurée, les parents au bord de la rupture (avec un père professeur de biologie, toujours bien pratique vu le sujet du film), l'ado amoureux d'en face, le vieux voisin afro-américain sympa, un beau-père alcoolique, le copain local débile... Dès le début, "Viral" fait un carton plein dans les clichés ambulants pour nous présenter sa galerie de personnages tous aussi fades les uns que les autres. Pendant que l'épidémie reste en arrière-plan pour mieux faire monter une sauce qui ne prendra jamais, on assiste, médusé, à un classique ballet de teen-amourette et de bavardages familiaux sans intérêt, tout ça pour nous surligner au marqueur bien épais que ce sont des gens aussi ordinaires que nous qui vont se retrouver au coeur de l'horreur d'une situation extraordinaire. Ben non, désolé les gars, à moins de vivre dans une mauvaise série adolescente US, ces gens ne vivent que dans vos têtes de scénaristes en galère d'inspiration.
Comme on n'était pas vraiment venu là pour ça, les bâillements commencent donc à pointer le bout de leur nez. Heureusement, l'infection devient de plus en plus importante et surtout très proche de notre héroïne et son entourage (la caméra se tourne toujours sur la TV diffusant plein de reportages à ce sujet, c'est que ça doit être le cas). L'intérêt commence alors à revenir doucement... et laisse vite place à la consternation.
Mise à part la fausse originalité du virus (ce ne sont que de banals infectés avec des vers qui leur sortent par tous les orifices), "Viral" va continuer sur sa lancée de clichés et ne va rien nous épargner. Vous avez tout, mais absolument tout, déjà vu de "Viral" ailleurs si vous êtes un tant soit peu amateurs de ce genre de film.
La quarantaine, le confinement, la débilité des personnages ("il y a une infection mondiale dans le quartier, si on se réunissait tous pour faire la fête ?"), l'infecté qui cache sa situation, les tentatives de fuite, l'infecté qu'on ne peut pas tuer parce que c'est un proche, quelques tentatives de jumpscares quand on ne sait plus trop quoi raconter, les solutions radicales de l'armée, la fin en queue de poisson... "Viral" ressemble à un tel mauvais patchwork de classiques (et moins classiques) du genre qu'il en frise le ridicule par sa prévisibilité (il y a même des dialogues qu'on peut réciter par coeur par avance : "Dis à *** que je l'aime. - Tu lui diras toi-même. Quand tu le reverras.", oui, il y a encore des gens qui écrivent ça à notre époque comme si c'était la première fois).
On pourrait être encore indulgent si le film faisait preuve d'une certaine efficacité mais non, la tension voulue apparaît constamment artificielle, désespérément appuyée par une bande-son pas très inspirée et incapable de la moindre montée en puissance dans le suspense.
Bon, si on veut être tout à fait honnête, il y a quand même quelques trucs qui fonctionnent comme ces séquences où les vers, forcément intriguants par leur nature belliqueuse, viennent prendre l'air de manière à la fois esthétique et ragoûtante. La dernière partie en huis-clos surpasse aussi clairement le reste du film et elle permet aux acteurs, au demeurant plutôt bons, de briller malgré les contours plus que limités de leurs personnages. Mais c'est tout, vraiment tout, ce qu'il y a de positif à relever car, malgré sa courte durée, "Viral" semble interminable.
Une déception de plus à ajouter au catalogue des productions Blumhouse en somme. À moins d'avoir les yeux et les oreilles obstrués par les sympathiques petits vers du film, il est bien difficile d'éprouver un quelconque intérêt pour ce "Viral" qui ne devrait pas le devenir.