Entre amis : les secrets du tournage

Entre amis est une grande histoire de retrouvailles. D'abord, celle de Gérard Jugnot et Daniel Auteuil près de trente après leur dernière collaboration avec la comédie Pour cent briques, t'as plus rien. De son côté, François Berléand retrouve Gérard Jugnot après Les Choristes ainsi que Daniel Auteuil après L'Adversaire de Nicole Garcia. Quant à Zabou Breitman, elle refait elle aussi équipe avec Daniel Auteuil après l'avoir dirigé dans son troisième long métrage, Je l'aimais.

L'amitié et sa résistance face au temps qui passe sont des thèmes très présents dans ce film et ont d'ailleurs été traités de nombreuses fois dans le cinéma français au cours de ces dernières années. On peut notamment citer Le Prénom de Mathieu Delaporte et Alexandre De La Patelière, Amitiés Sincères de Stephan Archinard et François Prévôt-Leygonie, la saga Le Coeur des hommes de Marc Esposito ou encore Barbecue d'Eric Lavaine.

Daniel Auteuil et Gérard Jugnot sont, pour ainsi dire, familiers de ce genre de comédie sur l'amitié puisqu'ils ont, tous les deux, joué respectivement dans les Sous Doués et les Bronzés, deux sagas incontournables dans le répertoire des films français centrés sur cette thématique.

La trame d'Entre amis a été imaginée par l'un des producteurs de Pathé, Richard Grandpierre, qui avait pour idée de raconter une histoire d'amitié et de confronter les personnages à un danger certain : une tempête qu'ils traversent le temps d'une croisière où chacun est amené à faire un point sur sa vie. Il a donc commencé par écrire un scénario. Il a même été question qu'il puisse le réaliser mais il a finalement préféré passer la main à Olivier Baroux car il ne se sentait pas capable de filmer des scènes aussi ambitieuses que celles où le bateau traverse la tempête.

Olivier Baroux a très vite accepté de mettre en scène le scénario car il gardait un bon souvenir de certaines croisières qu'il avait pu faire, notamment avec son ami et compagnon de scène Kad Merad. C'est justement le thème de la nostalgie qui a beaucoup attiré le réalisateur, en plus que de filmer une tempête épique : "J’ai aujourd’hui 51 ans et c’est un âge où l’on commence à évoquer ses souvenirs. J’ai des amis de longue date, (les fameux amis de 30 ans !), et je voulais aborder l’idée du temps qui passe et la raison ou la façon dont on reste amis malgré cela. C’était aussi passionnant d’imaginer comment ce groupe de potes réagirait si l’un d’entre eux divorçait et leur présentait sa nouvelle femme, beaucoup plus jeune que lui ! Comment ses amis accepteraient-ils cette intruse ?"

De façon à ce que le public puisse s'identifier à ces personnages (parfois amers ou en colère) et apprendre à les aimer, les comédiens ont longuement travaillé certaines scènes en amont du tournage pour apporter des nuances à leur rôle et ne pas susciter un sentiment de détestation auprès des spectateurs.

Les scènes du début du film où les personnages embarquent et où leur bateau part en mer ont été tournées dans le port de Marseille. Celles où ils naviguent dans la tempête ont quant à elles été réalisées en studio. Ces dernières n'ont d'ailleurs pas été une partie de plaisir pour les comédiens qui se sont vus aspergés de plusieurs milliers de litres d'eau à 16°C pendant des semaines.

L'un des gros enjeux pour le directeur de la photographie, Régis Blondeau, a été de s'assurer que la lumière soit parfaitement raccord pour une même scène tournée à la fois en mer et en studio, comme ce fut le cas pour la scène du dîner.

Le compositeur du film, Martin Rappeneau, fils du célèbre cinéaste Jean-Paul Rappeneau, a reconnu s'être inspiré de certains thèmes de Vladimir Cosma, qui évoquent les notions d'amitié, de nostalgie et du temps qui passe.

Olivier Baroux n'a jamais tourné avec Zabou Breitman mais il a néanmoins vécu un épisode assez cocasse avec elle, comme il en témoigne : "Avec Kad, nous avons une histoire assez particulière avec elle. Il y a des années, on nous avait demandé de présenter le Festival du Film de Comédie de l’Alpe d’Huez. Evidemment, vous imaginez bien que nous avons fait les crétins sur scène et à la fin, Zabou est venue nous voir pour nous engueuler comme à l’école ! Quand on m’a proposé son nom pour le film, j’espérais qu’elle ne se souviendrait pas de cet épisode et heureusement, c’était le cas ! On ne s’en est même jamais parlé…"

Pour se préparer à filmer les scènes de tempête, Olivier Baroux a revu un certain nombre de films se déroulant en mer tels que All is lost, Master and Commander et Calme Blanc. Il a également "lu quelques récits de mésaventures en croisière et surtout le cauchemar du tournage des Dents de la mer de Spielberg."