Fantasia : les secrets du tournage

C'est en 2003 que Wang Chao a écrit le scénario de Fantasia, mais c'est dix ans plus tard qu'il a pris la décision de le mettre en scène en constatant la situation précaire dans laquelle vivent encore aujourd'hui les ouvriers de Chine.

Ce film permet au cinéaste d'explorer à nouveaux plusieurs thèmes qu'il a pu d'ores et déjà traiter tout au long de sa filmographie, tels que la souffrance universelle de l’être humain face à la mort et le rapport à la transcendance au-delà de la tragédie : "C’est aussi pour cela que j’ai souhaité tourner ce film dix ans après l’avoir écrit. Au cours du tournage, j’ai apporté des changements majeurs au scénario afin de bâtir une véritable tension entre la dimension psychologique, et le véritable calvaire qu’endurent les personnages."

Le premier titre du film était "Papa est malade".

Bien que Fantasia explore des thèmes que Wang Chao a pu aborder auparavant, celui-ci a toutefois souhaité y apporter plus de spiritualité que dans ses films précédents : "Ce film dépasse son réalisme le plus austère, et semble plus philosophique et poétique. Il s’agit davantage d’une oeuvre chorale, même s’il y a un héros potentiel – Lin. À travers ce garçon, la réalité et l’absence de réalité, la vie et la mort, notre croissance et notre dégradation – tout cela constitue une forme spirituelle qui protège notre dignité."

Bien que Fantasia aborde un sujet à la fois dramatique et sombre, Wang Chao souhaitait que son film baigne dans une atmosphère très lumineuse. Ainsi, certaines décisions à ce sujet ont été prises bien en amont du tournage, comme celles de : "Tourner en plans fixes les scènes en bordure du fleuve et sur le bateau, et de rehausser la saturation des couleurs, afin de mettre en valeur la dimension surréaliste des abords du fleuve, et de donner le sentiment qu’il s’agit d’un plan onirique aperçu depuis une fenêtre".

En revanche, les scènes tournées dans les autres lieux de l'histoire ont été filmées en caméra à l'épaule, dans le but d'obtenir un léger tremblement de l'image exprimant la mort imminente du père : "Ces deux styles de mise en scène se mêlent et se rejoignent dans la chambre d’hôpital du père (...). Les plans fixes et les mouvements d’appareil, la luminosité éclatante et l’obscurité, la froideur des tonalités et la chaleur des couleurs, la vie et la mort – peu à peu, la frontière entre les deux extrêmes disparaît, tandis qu’espoir et désespoir se rejoignent."