Imaginez Ryan Gosling, Christian Bale, Brad Pitt et Steve Carell réunit dans un film. Adam McKay l’a fait avec The Big Short, sorti fin décembre, comédie dramatique sur la crise financière de 2008, ou plus précisément la crise des subprimes. Inspiré d’une histoire vraie, le film raconte comment plusieurs individus ont anticipé la crise dès 2005 et ont décidé de parier contre les banques pour rafler la mise.
Le sujet a déjà inspiré plusieurs longs métrages tels que Margin Call, The Company Men ou encore le documentaire primé Inside Job. Avec The Big Short, Adam McKay mise sur l’originalité pour séduire le spectateur. Ce n’est pas vraiment un drame, pas non plus une pure comédie. C’est de la fiction mais aussi du documentaire avec l’utilisation d’images d’archives ou tirées de la pop culture. Le réalisateur a la bonne idée d’être audacieux dans sa mise en scène : personnages qui s’adressent directement à la caméra et au spectateur, schémas et dessins qui s’inscrivent à l’écran, célébrités qui vous expliqueront en aparté des concepts (Margot Robbie elle-même vous expliquera ce qu’est un subprime).
Constitué de plans rapides, avec une mise en scène prenante et survolté, The Big Short se révèle passionnant. Et intelligent. Adam McKay réalise ici le grand film sur la crise des subprimes, expliquant clairement les concepts, tenants et aboutissements de cette crise, sans prendre le spectateur pour un idiot, tout en jouant sur le fil de la comédie et du drame. C’est simple, The Big Short vous donnera autant envie de rire que de vous indigner. Cynique et mordant, il dénonce le système capitaliste qui a provoqué la crise mais joue avec le spectateur puisque les héros du film sont plutôt des anti-héros et cherchent à profiter du système avant qu’il ne s’écroule : ils parient sur l’effondrement prochain, ce qui revient comme le rappelle un des personnages à parier sur les pertes financières et le malheur d’êtres humains, puisqu’en fin de compte, si les banques feront faillite ou seront affaiblies avant de se relever (et d’en profiter), les gens, eux, auront tout perdu et des familles se retrouveront à la rue. Pas très drôle tout ça. Mais on ne peut détester complètement les personnages, Michael, Mark, Jared, Ben, Charlie. Parce qu’ils sont montrés comme des êtres humains, avec leurs faiblesses et une folle envie de parier contre les banques. Et on veut qu’ils réussissent, jusqu’à ce qu’on nous rappelle ce qui est en jeu. Il faut saluer les acteurs, tous, nomment le quatuor de tête, Bale, Gosling, Pitt, Carel, au diapason, d’une grande finesse dans leurs rôles. Ils produisent des étincelles !
Le casting très glamour aurait pu nous faire craindre le pire mais au final, The Big Short est une excellente surprise. Et pas de panique donc, si vous ne comprenez pas grand-chose aux chiffres ou au monde de la finance comme moi, les explications sont claires et compréhensibles. Drôle, intelligent et mordant, The Big Short rappelle à Hollywood que les films « pour adultes » (comprenez, qui ne sont pas grand public) ont de beaux jours devant eux et sont attendus par les spectateurs !