J'ai été estomaquée par The big short. Collée à mon siège pendant 2h15 à apprendre en détail comment ce fameux système (qu'on cite tout le temps sans jamais bien saisir ses composants) fonctionne et passe ses membres à l'essoreuse en toute impunité.
Il est vrai que le jargon de la finance y est constamment utilisé, et qu'il vaut mieux avoir bien dormi la veille pour rester concentré sur les diverses explications. Mais celles-ci sont pédagogiques, parfaitement claires.
Et c'est justement ça qui m'a fait adorer ce film : il explique, comme Michael Moore le ferait, au peuple, comment tout ça fonctionne et comment on nous prend pour des cons, des vaches à lait, de quelle façon les personnes embrigadées dans un système qui dépasse tout le monde (y compris ceux qui en font partie en tant que rouages principaux), méprisent profondément l'humanité.
Le film met l'accent sur l'absence d'émotions et de tout ce qui fait la véritable richesse humaine, de ses personnages : les enfants n'y sont présents que par une photo sur un smartphone, ou un biberon posé sur une étagère de comptes bancaires. On ne parle pas de ce qu'on a subi, on insulte à tout va, on joue un rôle, on se montre, mais jamais on ne ressent.
Voilà donc le portrait terrifiant de ce qui fait rouler notre monde : des humains déshumanisés, qui fraudent parce que le système l'encourage, qui mentent, qui trahissent sans aucune pudeur, sans aucune conscience. Ces gens ont quitté la sphère des Hommes depuis longtemps.
Ce qui est d'autant plus marquant, c'est qu'il ne s'agit pas d'un film sur la crise de 29, il n'est pas distancé, il parle de quelque chose qui a eu lieu il y a à peine 8 ans, et continue de se passer, en ce moment : les CDO continuent, et continueront jusqu'à ce que la majorité des plus faibles crèvent et que quelques gros richards survivent.
Cela fait 24h que j'ai vu le film et cet arrière-goût de morbidité me reste, un grand malaise de devoir se regarder en face en se disant que oui, effectivement, je fais partie des vaches à lait, que ma récente saisie sur mon livret A, due à un vieil impayé, a généré des frais sur mon compte et que comme une imbécile, je me sentais coupable. Coupable d'avoir "grugé" en ne payant pas ma contribution à ce système broyeur d'âmes. Et que ce système se fout de ma gueule et que des types roulent dans de gros 4x4 et boivent du Veuve Cliquot, grâce à mes médiocres impayés, pendant que je me ronge à réfléchir comment ramasser les morceaux.
Je suis aussi très contente que ce film ait été fait, de la manière dont il a été fait, que des têtes d'affiche aient accepté d'y jouer en baissant leur salaire, parce qu'on va commencer à enfin prendre au sérieux la littérature soi-disant "conspirationniste", qui je le rappelle n'est pas axée en priorité sur les ovnis, mais sur le système financiers et les pouvoirs occultes. Le film montre, démontre ces pouvoirs occultes, à aucun moment on ne voit de membres du gouvernement prendre de décision. On distingue à peine un Alan Greenspan à la ramasse, il est là, il sourit comme un con, grisé par le gros pot de vin qu'il vient de recevoir, il n'a aucun pouvoir, il a été rincé, voilà.
Bref, je recommande 1000 fois, et pour ceux qui n'ont rien capté aux explications sur les différents placements, et termes de la finance, je leur recommande de chercher les termes par eux-mêmes, de se renseigner, et de revoir le film. C'est nécessaire de comprendre ce film, c'est d'utilité publique.
Ce n'est pas une très bonne oeuvre d'art, donc je ne met pas 5 points "chef-d'oeuvre", mais c'est un excellent documentaire "fictionnalisé".