Prétendante aux récents Oscars, la comédie d’Adam McKay, si l’on peut parler réellement de comédie, revient sur le crash boursier de 2008, soit l’effondrement de l’un des fondements de l’empire capitaliste américain, le prêt hypothécaire à taux variable. Retour, donc, sur une thématique pas foncièrement sexy pour le public moyen, qui se donne les moyen de se faire connaître via un casting de luxe et un ton résolument léger et didactique. On vous l’avouera d’emblée, le film ne fait pas rire. Il s’agit plutôt d’un brûlot tragi-comique qui dresse le portrait d’une institution toute puissante aussi vérolée qu’elle puisse l’être, en prenant le parti de l’attaquer via une brochette de personnage ayant prenant le risque de parier contre le système. Les crédits immobiliers sont florissants, soit, mais quelques petits malins découvrent qu’il s’agit là d’un château de carte, d’une bulle, qui serait prête à exploser, renvoyant maints propriétaires à la rue, semant le chaos dans l’establishment américain, ce qui arriva en 2008 avec la faillite de quelques pointures de la place de Wall Street.
Adam McKay, cinéaste n’étant d’ordinaire pas si pointilleux, loin s’en faut, trouve ici son rythme de croisière en offrant, histoire de ne pas largeur son public dans les limbes du jargon spécialisé, quelques séquences didactiques, version cameo. Soyons franc, même cela ne permet pas toujours d’assimiler les joutes verbales qui nous sont proposées, le film étant un perpétuel éclatement entre différents protagonistes, pas forcément mus par la même idéologie, le même but. D’un docteur loufoque à un banquier renégat, en passant par deux jeunes loups ambitieux, un retraité dégouté et un justicier des temps modernes, le film nous fait l’apanage de l’héroïsme moral sous l’estampille du tiré d’évènements réels. Certes, le propos est saisissant mais l’impression que dégage parfois le film l’est un peu moins. En somme, McKay tend à vouloir nous faire croire que les petits malins qu’il met en scène découvrent la supercherie, en somme le fondement de l’univers dans lequel il évolue, en même temps que le public. Difficile à croire qu’il ne s’agit d’abord pas ici d’une leçon d’école.
On passera là-dessus, pourtant, sans trop sourciller, le film étant globalement intelligent, bien réalisé et surtout, bien interprété. Steve Carell, Christian Bale, Ryan Gosling ou encore Brad Pitt, ce dernier étant plus discret, font chacun parfaitement leurs boulots. On regretta certes le manque de connexion entre les différents personnages, tous des intervenants étranger les uns aux autres, ou presque, mais pourront saluer l’harmonie générale. Agrémenté de flash d’archives, de petites illustrations pertinentes sur la catastrophe qui couve et qui finira par arriver, sans compter sur les voix-off qui éclaircissent le sujet global, The Big Short est maîtrisé, pourrait-on dire parfaitement maîtrisé sachant qu’Adam McKay en est là à son premier véritable film de maturité. 14/20