Une vie volée...et un casting retrouvé. Qu'on voit Winona Ryder, et l'on est déjà heureux, alors quand on découvre Angelina Jolie, Whoopi Goldberg et Elizabeth Moss en renfort, on se dit que James Mangold a vraiment bon goût. Surtout au service de cette histoire vraie terrifiante : une femme atteinte de confusion (entre la réalité et ses souvenirs) se voit piégée dans un asile ("Vous avez signé pour rentrer, mais vous pouvez pas signer pour sortir."). Susanna Kaysen, qui nous livre son expérience terrible au travers de cette adaptation, fait réfléchir au concept du consentement et de la responsabilité. Mais on ne se le cachera pas : le rythme de Une Vie Volée est son point noir, il ne suit pas (du tout) l'intensité de son sujet et nous rappelle souvent que le film fait 2h10. En contrepartie du rythme aussi amorphe que les patients sous cocktail médicamenteux, on aura quand même la performance impressionnante de Winona Ryder, à qui on s'attache vite, avec qui on subit le système de soins peu efficace contre la neurasthénie et autres troubles mentaux (plutôt que de renforcer les séances de psy, les années 60 préféraient les petits verres remplis de cachets myorelaxants et inhibiteurs, disons-le carrément, abrutissants. Plus de problème pendant deux heures, si le patient est dans les vapes...), rappelant de loin le chef-d’œuvre dénonciateur Vol au-dessus d'un nid de coucou. On aura quand même une fin proposant une solution plus positive que son grand frère filmique, nous donnant un sentiment de satisfaction et d'espoir, après le parcours chaotique de cette pauvre patiente. La bonne idée du scénario est d'avoir créé l'antagoniste prête à tout pour se sentir bien en écrasant les autres et en se rebellant contre le système (Angelina Jolie, très en forme), une façon de souligner aussi le travail pénible des infirmiers (on comprend le "verre magique" que les soignants lui font prendre, pour le coup...). On suit donc cette petite bande de femmes dans leurs moments de joie, de tristesse profonde (on a quelques pincements au cœur) et de doute, avec en tête l'impressionnant personnage de Ryder dont le trouble (confusion de la réalité et de ses souvenirs) nous impose le plus pur respect en pensant à la vraie Susanna, et celles et ceux qui en sont atteints (quelle maladie éprouvante...). On a l'esprit bien clair en disant que le succès de cette œuvre (et de Ryder) n'est pas volé, lui.