Contes Italiens s'inspire de 5 nouvelles du Décaméron de Boccace. Les deux réalisateurs Vittorio Taviani et Paolo Taviani expliquent en quoi ce texte du XIVe siècle leur semble d'actualité : "Nous avions envie de nous rapprocher des jeunes d’aujourd’hui et du présent difficile qui est le leur - nous les côtoyons, dans nos familles, nos rues, lors de nos voyages. C’est alors qu’un projet abandonné est réapparu, avec force : dans la ville de Florence du XIVe siècle, dévastée par la peste, dix jeunes, sept femmes et trois hommes, refusent de céder à la noirceur qui les mine de l’intérieur et qui leur ôte toute envie de vivre. Ils quittent la ville et s’en remettent aux forces de la nature et de l’imagination, avec obstination, effroi, passion et allégresse… Hier comme aujourd’hui, en effet, la peste peut prendre mille visages. Mais aujourd’hui, en particulier pour nous deux, le moment d’une rencontre avec Boccace et son Décaméron était enfin arrivé. Une rencontre qui nous a émus et dont nous lui sommes reconnaissants. Nous avons à présent envie que ce soit notre Contes Italiens qui soit raconté à son tour, avec notre langage. Tout ce que nous pouvons répondre à votre question, c’est cela : la peste, les jeunes qui se rebellent et les histoires fabuleuses qui sont évoquées battent d’un même coeur."
Contes Italiens a été tourné en Toscane, dans des lieux enchanteurs comme les villes de Pistoia, Montepulciano, la région du Latium ou encore Bassano Romano.
Les frères Taviani, Paolo et Vittorio, tournent des films ensemble depuis 1962. Un tandem familial pour le moins inséparable. Ils ont obtenu plusieurs prix tout au long de leur carrière, notamment la Palme d'Or et le Prix de la Critique Internationale à Cannes en 1977, pour le film Padre Padrone.
Come toujours, les réalisateurs Paolo et Vittorio Taviani ont voulu placer la musique au centre de leur film en en faisant un personnage principal. Chaque protagoniste a son propre univers musical : dans une volonté d'opposer le passé au présent, ils ont souhaité créer un mélange entre de grands compositeurs tels que Rossini ou Verdi, et des sonorités plus contemporaines : "Avec les pieds bien ancrés dans le son d’aujourd’hui, le défi a été possible : passer de la dimension quotidienne à la dimension fantastique des récits, en évoquant un autre univers musical, celui du mélodrame. Les deux musiciens du film ont assumé ce télescopage."
Ce film est un hommage aux femmes et à leur vision de l'amour. C'est pour cela que les metteurs en scène ont choisi de les placer au centre de l'intrigue, comme ils l'expliquent : "La morale ? Il n’y en a pas, si ce n’est que l’amour est possible. Et cela toujours grâce aux femmes qui vivent avec une grande liberté tous les sentiments, y compris les sentiments amoureux."
Contrairement à bon nombre de réalisateurs, les frères Taviani n'ont pas souhaité mettre en image l'œuvre littéraire de Boccace. Ils ont préféré s'en inspirer tout en faisant passer leur propre vision du thème à travers leur film. Ils citent bien sûr Pasolini, dont la version du Décaméron a été censurée à l'époque de sa sortie : "Son film est une représentation violente et poétique de l’éros. Son film a été censuré, d’autant plus qu’il s’inscrivait dans la lutte pour la libération sexuelle de ces années-là. Nous préférons ne pas parler des autres adaptations. Contes Italiens est un enfant de notre époque et, en tant que Toscans nous en sommes sûrs, il ne ressemble qu’à lui-même. En tout et également dans la sexualité, discrète et souvent souterraine, qui est partout : dans les personnages des nouvelles aussi bien que dans les rapports des jeunes entre eux."