Fasciné par les problématiques liées à l'éducation, Matt Ross a voulu, avec ce film, explorer les choix qu’imposent les parents à leurs enfants. Le réalisateur reconnaît également que cette histoire d'un père élevant ses enfants loin de la société de consommation fait écho à sa propre enfance. Il explique :
"Ma mère s’intéressait aux modes de vie alternatifs. Quand j’étais enfant, je ne dirais pas que l’on vivait coupés du monde, mais nous vivions dans des communautés en Californie du Nord et dans l’Oregon, au milieu de nulle part, sans télévision ou accès à la plupart des innovations technologiques. L’adolescence fut particulièrement difficile. Je n’avais pas de copains de mon âge quand j’ai commencé à être attiré par les filles. Tous mes amis étaient loin alors que je voulais avoir une vie sociale."
Avant le commencement du tournage, Matt Ross avait envoyé à Viggo Mortensen une caisse de livres qu’il jugeait utiles : des textes de Tom Brown, naturaliste réputé et auteur du Tom Brown’s Field Guide to Wilderness Survival, du linguiste et philosophe Noam Chomsky ou encore de Jared Diamond, scientifique et lauréat du Prix Pulitzer (De l’inégalité parmi les sociétés). Par ailleurs, l'acteur a décidé de passer du temps au nord de l’Idaho (où il a passé son enfance), dans un lieu qui ressemble assez à celui où vit la famille Cash. "Et j’ai fini par quitter l’Idaho direction Washington au volant d’un pick-up. À mon arrivée, j’avais l’impression d’être dans un épisode des Beverly Hillbillies !", s'amuse-t-il.
Dans le but de trouver les six enfants du personnage de Viggo Mortensen, la production a organisé un casting international entre l’Angleterre, l’Australie, les Etats-Unis, le Canada et la Nouvelle-Zélande. Il fallait aussi que les jeunes sélectionnés (de 7 à 18 ans) acceptent d’apprendre l’escalade, la chasse, les arts martiaux, les langues étrangères, le tir à l’arc et soient bien sûr crédibles en tant qu'enfants de Mortensen.
Pour être crédibles dans leurs rôles, les jeunes comédiens se sont initiés aux techniques de survie dans un camp en pleine forêt. "Ils ont appris à faire un feu, dépecer un cerf, pister un animal, escalader les rochers et même quelques techniques d’arts martiaux. Annelise et Samantha ont appris l’espéranto et Shree a acquis quelques notions de taxidermie. Je ne leur demandais pas de devenir des experts, mais il fallait qu’ils soient crédibles à l’écran", se rappelle Matt Ross, qui leur a également donné à lire Lies My Teacher Told Me : Everything Your American History Textbook Got Wrong de James W. Loewen et Une Histoire populaire des États-Unis de Howard Zinn.
Captain Fantastic a été présenté au 69e Festival de Cannes dans la catégorie Un Certain Regard, où il a obtenu le Prix de la Mise en scène. Il a également été présenté à Sundance.
Récemment, George Mackay a notamment été vu dans Pride ou la série 11.22.63. Dans Captain Fantastic, il est le fils aîné de la grande famille de Viggo Mortensen, qui se confronte pour la première fois au monde urbain après avoir vécu dans la forêt.
Matt Ross a fait signer aux six jeunes acteurs du film un contrat interdisant la malbouffe, les iPad ou les portables sur le tournage. "Il ne s’agissait pas de le respecter à la lettre, mais je voulais qu’ils réfléchissent au mode de vie de cette famille", se souvient le réalisateur.
Comme il s'agit aussi d'un road movie, les lieux de tournage du film se sont étendus sur 2 500 kilomètres. L'équipe a commencé par poser ses caméras à Seattle et ses environs pour se déplacer ensuite dans l'Etat de Washington. Parmi les lieux de tournage se trouvaient des forêts humides du nord ouest américain, des autoroutes sinueuses et des hautes plaines désertiques du Nouveau-Mexique.
Stéphane Fontaine, directeur de la photographie habitué de Jacques Audiard (De battre mon coeur s'est arrêté, Un prophète, De rouille et d'os), a été choisi par Matt Ross pour deux raisons : "Nous voulions filmer les enfants de façon organique sans sacrifier l’esthétisme du film. Sa caméra sait raconter une histoire. Je voulais un environnement où les acteurs évoluent librement (sans repères au sol). Il nous fallait quelqu’un qui ait l’intuition du geste, du jeu de l’acteur. Stéphane n’a pas hésité une seconde à poursuivre les enfants à travers les bois, caméra à l’épaule. C’était précisément cette énergie qu’il fallait pour capter ce que nous voulions dans des décors magnifiquement éclairés."
Le chef décorateur Russell Barnes a grandi sur une île de 7000 habitants dotée d’un réseau électrique des plus limités. Il était donc l'homme de la situation pour concevoir les décors de Captain Fantastic ! "Je me suis d’abord demandé comment sept personnes pourraient vivre et travailler dans un tel environnement. Je devais imaginer l’espace qu’il faudrait à chacun, la quantité d’eau dont ils auraient besoin et toutes les choses nécessaires au quotidien. Dès que je m’en suis fait une idée précise, j’ai commencé à travailler sur l’aspect esthétique. J’ai regardé des centaines de photos de lieux où s’étaient volontairement isolés des hommes, des familles et j’y ai découvert une mine d’informations sur les modes de survie en milieu naturel", confie-t-il.