La Fille du patron décrit le quotidien d'une entreprise de textile en proie à une concurrence toujours plus déloyale venue de Turquie, de Tunisie. C'est ce qu'on a tendance à oublier. Derrière les entreprises florissantes du CAC 40, il y a toutes ces PME de province le couteau sous la gorge. Et ces petits patrons qui font vivre leurs salariés, qui mouillent la chemise. Alors, ok, celui-ci perd les pédales vers la fin mais sur le coup de la pression (la même qu'il met à ses salariés, vous me direz, donc un retour de bâton ?) la colère, des paroles et des actes trop forts et qu'on regrette souvent tout de suite derrière, c'est humain. Résultat, il faut se battre au quotidien et c'est usant pour tout le monde. Le patron est lessivé. Les salariés, à qui on demande toujours plus de productivité et de présence (mais sans gain de salaire !) le sont aussi et, pour se changer les idées, ils jouent au rugby. J'ai trouvé que les matchs faisaient un peu doublons car on y retrouve les mêmes valeurs que dans l'entreprise : entraide, solidarité, sens de l'effort, amitié virile. Les jours, semaine comme week-end, sont toujours les mêmes. Rythmés par le travail à l'usine, les entraînements et la vie de famille. Loin d'être de tout repos, la vie de famille quand on a des enfants, qu'il faut les emmener à l'école ou au sport et que la routine s'est installée dans le couple. Le quotidien morne de millions de personnes qui ne fait pas spécialement envie. Alors pour casser ce train-train, une étudiante en fin de parcours universitaire vient bouleverser leurs habitudes et étudier leurs conditions de travail. Avec son physique frêle, elle m'a fait penser à une brebis au milieu d'un troupeau de loups. Ses sentiments à l'égard du chef d'atelier de quinze ans son aîné vont être mis à l'épreuve entre les difficultés financières de la boîte, son départ pour le Canada, le divorce de celui sur lequel elle a jeté son dévolu, son statut de fille du patron d'où le titre. Et si cette fille représentait un nouveau départ ? Sa fraîcheur contre tous les maux de la vie ? Chacun y trouve son compte. Pourquoi rater une si belle opportunité ?