Yujin (Taylor de son prénom, l'"Américain" - il n'est revenu en Corée, sans ses parents, que depuis 3 ans), le meilleur élément des terminales, est retrouvé assassiné aux abords du lycée huppé de Séoul où il préparait, en internat, le "suneung", concours d'entrée dans l'enseignement supérieur (car en Corée du Sud, la fin du secondaire n'est pas synonyme d'accès automatique, grâce à un diplôme dévalué comme le bac français, à l'université - surtout quand on brigue une faculté prestigieuse). Son condisciple June (arrivé en cours d'année, venant d'une école moins réputée) est immédiatement soupçonné - on découvre son portable quasiment à côté du cadavre... Mais les enquêteurs trouvent que cette "preuve" sent un peu le factice, et le remettent en liberté le temps d'investigations plus poussées.
Ce "Pluto", titre original ("Pluton" - l'astronomie, voire la cosmogonie, jouant un rôle important dans cette ténébreuse affaire) frappe surtout par l'excellence du montage, lequel permet de découvrir peu à peu l'ensemble du drame, avec autant de fluidité que de brutalité. La trame policière, et sa complication, sont finalement secondaires, car si la tragédie se noue et se poursuit jusqu'à l'inéluctable, c'est en raison du milieu très particulier où elle est générée, qui donne lieu à une étude sans concession - "la réussite a un prix", comme le proclame l'affiche de ce très bon thriller psychologique. Qui glace le sang, bien plus qu'une fiction d'horreur, genre abondamment illustré par les cinéastes sud-coréens - car là, tout est vraisemblable dans ce pays qui caracole en tête du classement PISA (quand la France y dégringole avec régularité !). Un regard féminin (et connaisseur) sur un univers impitoyable (Shin Su-won, qui réalise ici son 2e "long", est une ancienne enseignante)