Dans le cadre de la promotion des Amants électriques, Bill Plympton est de passage dans la capitale française du 5 au 12 mars 2014. Il y présentera son film en avant-première au Louxor, avant d'intervenir lors de plusieurs Master Class, au théâtre Déjazet et à l'école des Gobelins.
Bill Plympton signe, avec Les Amants électriques, son dixième long-métrage animé. Cependant, sa production est bien plus importante si l'on considère les très nombreux court-métrages qu'il réalise depuis les années 80, ainsi que les travaux qu'il fit pour la télévision et la publicité. Toutes réalisations confondues, il en est en vérité à son 66ème film.
Pour ses personnages principaux, Plympton s'inspire de ce qu'il a sous les yeux tous les jours. Que ce soit dans le taxi, les transports en commun, dans la rue, le journal ou à la télévision, il croque des éléments corporels qu'il pense pouvoir être utile à ses personnages, jusqu'à atteindre l'image idéale. Il s'est notamment inspiré de photos de magazines pour dessiner Jake, et de photos de mode rétro pour Ella.
C'est en se rappelant d'une relation amoureuse datant d'une quinzaine d'années que le réalisateur eut l'idée du concept romantique qui lie Jake et Ella. La relation était si fusionnelle qu'à la rupture, l'amour fit place à une haine tout aussi importante. La séparation, dans le film, se change en une envie littérale de meurtre. C'est ce type de relation passionnée qu'avait vécu le cinéaste à l'époque et qu'il a voulu transposer à outrance sur ses personnages.
Le scénario fut écrit par le cinéaste dès 2009. Il a par la suite créé un pré-story-board, faits de dessins très schématiques de la taille d'un timbre-poste. Ces quelques 800 dessins sont ensuite repris dans un story-board plus élaboré, définitif, de 232 pages. Selon Plympton, le film est fait à 90% lorsque ce story-board est achevé. Les dessins pour l'animation sont ensuite réalisés par le cinéaste, puis mis en couleur numériquement (en juin 2012). Les Amants électriques comporte alors près de 40 000 dessins. La musique est composée après le montage du film.
Les Amants Electriques est le premier film de Plympton mettant une femme au premier plan. Star du film, Ella rappelle au réalisateur la compositrice Nicole Renaud, avec qui il travaille depuis son court-métrage Eat (2001), du point de vue de son traitement musical, toujours romantique. Renaud est de nouveau responsable de toute la bande originale du dernier Plympton, bien que quelques vieux morceaux du domaine public furent parallèlement récupérés pour participer à cette juste tonalité romantique dans la transcription musicale des personnages.
Le budget des Amants électriques ayant drastiquement augmenté par rapport aux anciennes productions du Bill Plympton Studio, dû à l'importance de la mise en couleur numérique, le réalisateur fit pour la première fois appel à Kickstarter pour financer son long-métrage. Il obtint ainsi près de 100 000 dollars supplémentaires afin de finir son film et fut par ailleurs agréablement surpris de constater que beaucoup de donateurs internautes étaient européens ou coréens, découvrant ainsi une nouvelle part de son public potentiel.
Las des questions techniques posées par ses fans, Plympton décida mettre en ligne sur le blog du film les différentes étapes de construction des Amants électriques, de la formation du scénario au nettoyage final. Il avait déjà tenté une première incursion sur le web en diffusant en temps réel une vidéo de lui en train de travailler sur Hair High (2004). Mais, avec Les Amants électriques, c'est la première fois qu'il fait intervenir les artistes qui l'accompagnent dans la fabrication du film pour présenter le making-of, chacun ayant sa spécialité dans la construction du long-métrage qu'il souhaite partager avec le public.
Les Amants électriques fut sélectionné à plusieurs grands festivals spécialisés en cinéma d'animation mais également à des festivals plus généralistes comme Slamdance ou le San Sebastian Horror + Fantasy Festival (28 nominations en tout). Il regrette seulement qu'il y en ait si peu pour reconnaître la valeur de l'animation : " il y avait plus de 200 films à Sundance cette année, et aucun long-métrage d'animation. A Slamdance (...) c'était le seul parmi les 80 films présentés". Cette ignorance du cinéma d'animation par les festivals les plus représentatifs et médiatiques tels Toronto, Telluride ou Venise a amené le réalisateur à chercher par tous les moyens, dont celui cité dans la précédente anecdote, de faire connaître la beauté du cinéma d'animation.
Considérant que le scénario n'est pas la composante forte d'une comédie, Plympton est parvenu à imposer un style qui, par l'esthétique, la musique, l'animation, créé le rire. On lui a pourtant souvent reproché la faiblesse de ses histoires, y compris pour Les Amants électriques. Il rétorque alors que les histoires des Monty Python n'ont que peu d'intérêt, ce qui n'empêche pas leurs films d'être extraordinaires. Il en va de même selon lui pour tout film qui a vocation à faire rire, comme Yellow Submarine, pour rester dans l'animation.