"Je vais te regarder jusqu'à ce que tu disparaisses. Est-ce que tu me regarderas, toi aussi ?"
Et c'est dans un grand badaboum que le monde finit (désolé, T.S. Eliot).
Ben ouais, les enfants, c'est l'apocalypse, la vraie, celle qui vous tombe sur le coin de la tête sous la forme d'un gros astéroïde alors que vous n'aviez rien demandé à personne !
L'Europe occidentale a disparu (l'auteur de ces quelques lignes n'est donc plus théoriquement qu'un petit tas de cendres qui ne fait pas le malin), le continent américain n'est plus qu'un lointain souvenir et l'Asie est en train de prendre méchamment cher.
Heureusement, il reste encore une douzaine d'heures à vivre avant l'inéluctable à un peuple d'irréductibles Terriens : les Australiens.
Et que font les êtres humains quand ils sentent leur fin très proche ? N'importe quoi, bien entendu !
On cède à nos plus bas instincts, on oublie les conventions sociales, on pille, on massacre les voisins, on se découvre soudainement une fervente foi religieuse, on décide d'en finir par sa propre main...
Bref, avant les flammes, c'est un vrai vent de folie qui souffle au pays des kangourous.
Pourtant, au milieu de ce déferlement de violence, James, un type sans attaches et véritable but, va sauver une petite fille des griffes de deux pédophiles et partir à la recherche du père de celle-ci. La relation qui va se nouer entre eux pourrait bien enfin lui ouvrir les yeux sur les éléments essentiels de sa vie. Ouf, il était temps, mon garçon !
Peut-être parce qu'il reste dans le sillage de bon nombre de situations vues dans des long-métrages passés avant lui, "These Final Hours" ne restera pas comme LE film apocalyptique incontournable.
Pourtant, Zak Hilditch offre une partition différente de pas mal de ses collègues par le ton qu'il choisit d'adopter.
Profondément humaniste, le film met en son cœur l'évolution de son personnage principal en perpétuelle remise en cause face à ses choix de vie. Alors que tout ce qui l'entoure sombre dans un chaos inimaginable, la relation qu'il entretient avec la fillette va s'avèrer être sa (notre) seule torche dans les ténèbres du film, le ramenant sans cesse à sa quête de sens et de responsabilités qu'il n'a cessé de fuir au cours de son existence.
De ce côté, c'est une totale réussite, quelque chose de lumineux et de terriblement attachant émane de ces deux êtres égarés (au sens propre comme au figuré) et ce, jusque dans les derniers instants.
"The Final Hours" joue aussi la carte d'un réalisme très convaincant dans une ambiance contemplative (mais jamais auteurisante) et posée pour mieux contraster avec les explosions de violence au fil des rencontres avec des personnages plus désespérés les uns que les autres (comme Sarah Snook, la révélation de "Predestination" et "Jessabelle", en mère endeuillée folle-dingue).
Très très bien emballé visuellement notamment grâce à une photographie qui fait de l'Australie une véritable fournaise à ciel ouvert sur le point de se consumer, "These Final Hours" propose aussi son lot de tableaux apocalyptiques poétiques superbement mis en scène, que cela soit au travers d'une rue désertique où pend un cadavre à un lampadaire, à un graffiti "Ici, était la Terre" ou d'une séquence de fête dépravée.
Bref, mini-coup de cœur pour cette nouvelle pépite du cinéma australien. À découvrir avant qu'EuropaCorp (qui a racheté les droits) se décide à en faire un mauvais remake.