Parait que c'est ce qu'ils disent pour signifier "en plein dans le mille". Bon, moi j'aurais plutôt vu Good Shot, mais du point de vue langues étrangères, je la ramène pas [surtout en anglais, langue laide par excellence. Une fois que vous avez vu dans un livret d'opéra (les Vêpres siciliennes), "dolce ebbrezza" traduit par "sweet intoxication", je vous jure vous avez compris qu'il n'y a rien à tirer de l'anglais]
Pour la promo du film, on fait appel à "Démineurs" et puis à "Lord of War" (à peu près le dernier film visible de Nicolas Cage, avant qu'il ne se livre à une perpétuelle auto-parodie de lui même...) du même réalisateur, Andrew Niccol. En fait, c'est un de ces innombrables films US qui se coltine un lourd problème de politique/société/écologie/éthique, laviel'amourlesvaches, dans un enrobage attrayant de thriller. Et ça marche toujours, et dans Good Kill comme d'hab, on est pris, et je ne vois pas pourquoi nos esthètes critiquent les studios hollywoodiens de vouloir faire réfléchir les gens sans les enquiquiner! J'aimerais beaucoup que les français soient capables d'en faire autant, au lieu de réaliser d'une main des films intellos/pontifiants/rasoirs et de l'autre des comédies égrillardes/racoleuses (on est gâtés en ce moment...
Quand certains critiques disent que l'on a vu déjà mille fois Good Kill, c'est faux: la guerre par drones interposés, c'est quand même un phénomène récent!
Tom (Ethan Hawke) est un excellent pilote. Il aime voler, pour tout, l'adrénaline, l'excitation du danger, ce moment où on s'apprête à se poser, réservoir vide, sur le pont d'une porte-avions dans une mer démontée.... Se retrouver dans une boite à sardine au milieu du désert du Nevada [la traversée récurrente de Las Vegas est bien là pour souligner le parallélisme entre le joystick pour le fun et le joystick pour la mort....] pour piloter des drones ne le comble pas du tout! Mais bon, il a sa femme [January Jones, oui oui la première madame Mad Man tout à fait surprenante en allumeuse de sous-préfecture frustrée!], ses enfants, les barbecues entre potes (enfin, entre collègues, car dans cette petite ville répétitive ils vivent manifestement entre eux). Les vues aériennes de la ville nous la montrent, terre jaune, maisons carrées, étonnamment semblable, vue du ciel, aux villes de là bas...
Au début du film, l'équipe de Tom est chargée de frappes extrêmement ciblées sur des terroristes avérés. Puis, elle se trouve sous traitée à la CIA -ces civils.... et le mode de fonctionnement se met à changer. Pour les pékins, peu importe les dommages collatéraux. Lorsqu'un méchant a été localisé, quelque soit son entourage, il faut tirer. Boum.
Se trouvent réunis tous les ingrédients du genre: le Colonel, visage burinés, regard glacier (Bruce Greenwood), qui n'approuve pas ce genre de guerre, mais les ordres sont les ordres, il souffre en silence, il fait son devoir; la petite sous-off chicano (Zoë Kravitz) qui, elle, n'hésite pas à l'ouvrir: les frappes injustes vont avoir pour effet de soulever la population, de la radicaliser et finalement de faire naître bien plus de nouveaux terroristes que l'on en aura éradiqués. Tout cela n'est pas très original, mais reste intéressant parce que, qu'on le veuille ou non, ce sont de vrais problèmes.
Et cela me fait penser à la baïonnette. L'arme la plus abominable sans doute jamais inventée. Le corps à corps obscène: l'opposé exact de la guerre par drones interposés; combien de couples ennemis a t-on pu ainsi relever, unis dans la mort, entr'embrochés, entre enlacés..... Avez vous remarqué que le cinéma n'a quasiment jamais montré de combats à la baïonnette?
Vous pouvez aller voir Good Kill. Et réfléchir sur la nature de la guerre moderne. Une fois de plus, le cinéma made in US a rempli son office.