A la recherche de Vivian Maier : les secrets du tournage

John Maloof n'est pas réalisateur de son métier. Cet agent immobilier d'une trentaine d'années découvrit dans le cadre d'une recherche de photographies sur le quartier de Portage Park à Chicago l'incroyable collection de Vivian Maier. Il s'investit cependant si profondément dans sa quête, celle de retrouver l'auteur de tous ces magnifiques clichés, qu'il voulut réaliser lui-même le documentaire qui allait prendre sa trouvaille pour sujet. Il explique : "En 2007, alors que j’écris un livre d’Histoire sur les environs de Chicago, il me faut trouver des photographies pour illustrer mon ouvrage et je tente ma chance dans une vente aux enchères. J’y achète une boite pleine de négatifs qui n’ont finalement jamais été utilisés pour ce livre. (...) Les négatifs appartenaient à une femme nommée Vivian Maier. J’avais accès à l’ensemble de ses biens, y compris les innombrables curiosités qu’elle avait collectionnées. Dès lors, je me suis mis à enquêter comme un vrai détective pour en apprendre davantage sur elle. Je voulais que ce film suive le processus de recherche. Ses effets personnels m’ont conduit à une première personne qui l’avait connue, puis à une deuxième, et ainsi de suite."

La vie et l'oeuvre de Vivian Maier sont déjà connues d'un public amateur de photographies. De nombreuses expositions ont d'ores et déjà été organisées pour diffuser ses travaux. Mais le film va finir de la faire connaître du grand public. "Vivian Maier était une sorte d’espionne. Avec son appareil photo, elle saisissait la vie urbaine, le plus souvent accompagnée des enfants qu’elle gardait, elle captait l’humanité qui l’environnait, et cela en n’importe quel lieu : parcs, bidonvilles, banlieues… En tant qu’artiste, Vivian Maier fut une outsider, qui témoigna d’une réelle empathie pour les gens en marge qu’elle aimait photographier", précise Charlie Siskel.

S'il décide de faire son film seul, incluant la photographie, le scénario et la production, John Maloof se fait malgré tout aider par Charlie Siskel, producteur de séries télés américaines. Ce dernier participe à la production, mais également à l'écriture du documentaire et au tournage, apportant son expérience au jeune Maloof.

Vivian Maier est Américaine mais d'origine française. Elle passe une partie de son enfance à Saint-Bonnet-en-Champsaur, dans les Hautes-Alpes, avec sa mère, avant de revenir vivre aux Etats-Unis. Elle repassera une fois adulte dans le village, mais restera de nationalité Américaine par son père.

A la recherche de Vivian Maier ne sort que plusieurs années après la découverte de l'oeuvre de la photographe, alors qu'il est censé se situer dans la continuité de la reconnaissance de cette artiste par John Maloof. Cela s'explique tout simplement par le fait que deux premiers courts-métrages ont été réalisés, en prélude, sur Vivian Maier : l'un présenté en 2011, de douze minutes, l'autre en 2012 pour le festival de photo de Palm Springs.

Le bruit court que Vivian Maier serait un personnage "excentrique", une femme discrète qui, déguisée en nanny, épierait son entourage avec son appareil photo. Que de mystères, que les réalisateurs ont voulu élucider à travers leur documentaire : "Avec autodérision, Vivian Maier se qualifiait de femme mystérieuse. Elle protégeait fièrement son intimité et affirmait son indépendance face aux valeurs bourgeoises des familles avec lesquelles elle vivait. Mais elle a pu secrètement envier les liens affectifs qu’elle observait au sein de ces familles, des liens qui avaient été brisés durant son enfance. Notre film montre les zones d’ombre de Vivian Maier, certaines qu’elle aurait sans doute aimées révéler, d’autres qui n’avaient jusqu’à présent jamais été dévoilées."