Magistral, transpirant l’ambiance carpentienne, Cold in July de Jim Mickle, dont c’est le quatrième film réunit Michael C. Hall, l’antihéros de la série Dexter et deux vieux de la vieille, Sam Shepard et Don Johnson pour un thriller n’en finissant pas de nous surprendre.
En 1989, Richard Dane (Michael C. Hall) est un père de famille sans histoire jusqu’au jour où un cambrioleur fait irruption chez lui et qu’il l’abat malgré lui. Russel (Sam Shepard), le père du crocheteur, qui vient de sortir de prison décide de se venger.
Dès le début, la première chose qui frappe notre mémoire cinéphilique, c’est évidemment la musique dichotomique très inspirée du travail de John Carpenter (qui en plus du scénario et de la réalisation, compose également la musique de ses films). Le personnage de Richard Dane fait immédiatement penser à Martin West qui joue dans Assaut, le rôle d’un père qui vient de venger sa fille et qui est dépassé par les événements. C’est exactement ce qui arrive à Richard Dane pour qui l’horreur surgit sans prévenir dans sa vie. Comme dans Assaut, à l’exception d’une courte présentation au cimetière (La nuit des morts-vivants de George A. Romero fait un caméo dans un drive-in), Richard Dane est enfermé dans un lieu clos, sa maison, et son ennemi prend des allures d’homme invisible, accentuée par la bande son angoissante à souhait. La menace plane mais n’est jamais réellement tangible. À la suite du maître, Jim Mickle, met à l’honneur la suggestion plutôt que la surenchère d’hémoglobine (et/ou de jumpscare) et arrive à un bien meilleur résultat que la plupart des pellicules du même genre. Même lorsqu’une voiture passe devant la maison assiégée, on ne distingue pas le chauffeur. Cette voiture est d’ailleurs filmée à la manière de Christine, autre film de Carpenter. Commençant comme un film d’ « home invasion », Cold In July surprend alors en bifurquant totalement.
Difficile de commenter le film sans spoiler et en racontant trop, on risque vraiment de gâcher tout le génie de Cold in july qui renverse plusieurs la fois la situation avant même que l’on s’en rende compte. À la suite de ce long prologue, le film se mue en enquête policière ; c’est là qu’intervient Jim Bob (Don Johnson), vétéran de la guerre de Corée, éleveur porcin et accessoirement, détective privé ; pour finir en apothéose en western digne de Sam Peckinpah, laissant alors parler la poudre alors que jusque-là, la tension avait été peu à peu menée à son apothéose. Par petite dose, Mickle ne s’interdit pas de distiller quelques touches d’humour qui auront fait rire, seuls, les spectateurs les plus attentifs de la salle. Notons le prix de l’essence faisant l’objet d’un arrêt sur image qui fera rire les automobilistes. Nous sommes au début des années 90. Ou encore, ce moment ou Richard Dane qui est encadreur, observe avec attention les porcs encadrés dans le salon de Jim Bob.
Cold in July renoue avec une vision du thriller, où l’importance de l’ambiance musicale est primordiale, où tous concours vers un final fracassant, amené sournoisement derrière des intrigues inattendues et un suspens devenant insoutenable. Cold in July questionne également une certaine ambiguïté de la moralité, si chère à John Carpenter (voir par exemple New York 1997), en mettant en scène des marginaux possédant leur propre sens moral, légèrement anarchiste et foncièrement sympathique malgré leur statut de hors-la-loi.
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