« Cold in July » est un pur produit du cinéma indépendant américain et c’est un thriller assez réussi qu’on peut découper en deux parties, la première étant, de loin la meilleure. : anxiogène bien comme il faut, interprétée avec juste ce qu’il faut et avec retenue et suffisamment crédible pour nous filer les chocottes ! L’histoire de ce père qui poursuit de sa rancune celui qui a tué son fils, an dépit du contexte, n’est certes pas très originale mais elle est plutôt bien écrite et bien réalisée. La seconde partie bascule dans autre chose (dont je ne dévoilerais rien, bien entendu), autre chose de plus noir, de plus glauque et de plus « Tarantinesque ». Mais curieusement, c’est aussi dans cette seconde partie plus violente que l’humour fait son apparition, par petites touches et en grande partie grâce au personnage haut en couleur interprété par Don Johnson. Le casting, puisqu’on est à en parler, est tout à fait à son affaire : Dext...Michael C Hall est méconnaissable en père de famille légèrement bedonnant, victime et bourreau à la fois, Sam Shepard est impeccable en père meurtri, taiseux et inquiétant et Don Johnson campe un détective privé sudiste plus vrai que nature mais moins caricatural que son aspect peut le laisser penser. A leur côtés, les seconds rôles sont un peu ternes, un peu en deçà, les rôles étant moins bien, ni assez, écrits. La réalisation de Jim Mickle, sans être particulièrement brillante, est assez intéressante, assez soignée avec quelques très jolis plan, et une utilisation intéressante de la musique, essentiellement de la musique électronique un peu saccadée, bien placée, bien pensée, présente mais pas trop. J’apprécie qu’il n’ait pas écrasé de soleil son film et qu’il n’ait pas utilisé le côté caniculaire des étés texans pour en rajouter dans le côté étouffant et suffocant de son thriller. C’était un artifice inutile mais d’autres peut-être, aurait cédé à cette facilité. Reste le scénario en-lui-même, qui suit le cheminement du personnage de Richard et de son rapport à la violence. Au début, la violence lui est étrangère et il vit mal de devoir y céder et puis cette violence lui devient plus familière, au point de dominer sa peur et même de la rechercher. Le dernier plan, qui le montre s’endormant paisiblement le sourire aux lèvres, laisse un gout amer en bouche comme si la violence avait été légitimé une fois pour toute, comme si elle apparaissait nécessaire, comme si elle représentait non pas une solution, mais LA solution. C’est le message en creux de « Cold in July » et çà met mal à l’aise. La seconde partie fait de Richard un justicier (inexpérimenté certes, mais clairement en devenir) et la tension nerveuse de la première partie laisse la place à une sorte de fuite en avant, plus sanglante, carrément plus malsaine, un poil moins crédible que la première partie et franchement moins réussie question tension nerveuse. Et puis, ce qui me gène aussi, c’est que le scénario n’apporte pas toutes les réponses et laisse en suspens une interrogation essentielle à la pleine compréhension de l’histoire, je ne peux pas dire laquelle sans dévoiler un des rebondissements du film, mais c’est frustrant de ne pas avoir toutes les clefs. Du coup, je ne suis pas absolument certaine d’avoir absolument tout compris !