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    HEIMAT I – Chronique d’un rêve
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "HEIMAT I – Chronique d’un rêve" et de son tournage !

    Préquel

    Heimat I et II intervient comme un prequel à la trilogie Heimat, réalisée par Edgar Reitz en 1984, 1992 et 2004. Cette trilogie couvrait le 20ème siècle, alors que le diptyque se déroule au milieu du 19ème siècle.

    Trouver le bon Jakob

    Au terme de longs mois de recherche et d’essais organisés pour trouver le bon inerprète pour le rôle principal, Edgar Reitz a trouvé son Jakob en la personne de Jan Dieter Schneider. "Ce jour-là", raconte-t-il, "nous étions tous fatigués et un peu découragés, car une fois de plus, nous n’avions pas trouvé notre Jakob. Je donnai à Jan (...) un extrait du journal de Jakob, le fis venir devant la caméra et lui demandai de jouer l’auteur du journal (…). Et c’est sans en attendre grand-chose que nous avons allumé la caméra vidéo. Lorsque nous avons vu le résultat sur un écran (...), [nous] en sommes restés muets. De tous les candidats que nous avions testés jusque-là, il était le premier que l’on écoutait lorsqu’il lisait ce texte écrit dans un allemand désuet". Etudiant en médecine, Jan Dieter Schneider n’avait absolument pas l’intention de devenir comédien, mais s’était présenté au casting par simple curiosité, intéressé par le film.

    Noir, blanc et couleur

    Heimat est tourné en noir en blanc, mais on y trouve des éléments en couleur : "Les caméras d’aujourd’hui ont une définition et une netteté extraordinaires, permettant d’obtenir un espace qui donne à l’image noir et blanc un effet tridimensionnel, sans que nous ayons dû pour cela utiliser la discutable technique 3D. A de rares endroits, il y a dans nos images noir et blanc quelques impressions de couleur, rendues possibles par la technique digitale d’aujourd’hui", explique le réalisateur, qui confie avoir essayé de mélanger le noir et blanc et la couleur depuis quarante ans. "Aujourd’hui, à l’ère de la technique numérique, le mélange n’est plus un problème. Nous avons pu satisfaire sans restriction notre désir d’utiliser les grandes traditions esthétiques des films en noir et blanc (...). Et lorsqu’apparait, en de très rares endroits du film, un élément dont seule la couleur pouvait rendre la sensation ou la valeur symbolique, nous pouvions le réaliser", ajoute-t-il.

    Vrai faux village

    Les repérages dans la région du Hunsrück, massif montagneux de Rhénanie, ont commencé à la fin du mois de juillet 2011. Rapidement, Edgar Reitz et son équipe se sont rendus compte qu’il n’existait aucun endroit pouvant constituer un décor crédible, la région ayant été bien trop modernisée. "Nous en arrivâmes à nous demander (…) s’il y avait encore sur cette planète des régions où le temps se serait arrêté, il y a un siècle", admet-il. Après avoir envisagé d’aller en Europe de l’Est ou dans les coins reculés du Brésil où avaient émigré les paysans du Hunsrück, restés selon la légende à l’écart du progrès (rumeur totalement fausse), l’équipe a décidé en août 2011 de construire le décor du village fictif de ‘Schabbach’ dans la commune de Gehlweiler, et de transformer tout le village en décor de cinéma. Pour les intérieurs, le chef décorateur Toni Gerg a incité ses collaborateurs à tout fabriquer selon les traditions artisanales de l’époque.

    Une planification extrême

    Comme le souligne le réalisateur de Heimat I et II, Edgar Reitz, le film est le fruit d'une extrême planification du tournage : "Jamais encore dans ma vie je n’avais travaillé avec autant de précision que pour ce film, d’une façon aussi planifiée. (...) Nous avons [toujours] suivi un plan précis du découpage pour traduire notre vision. Le film que j’ai pu réaliser avec l’aide de Gernot Roll paraît spontané, simple et naturel. Cela, nous l’avons atteint grâce à une planification très précise."

    Tournage en cinémascope

    Le réalisateur, Edgar Reitz, et le directeur de la photographie, Gernot Roll, ont décidé de tourner en cinémascope. "Cela donne un rapport totalement nouveau au gros plan. Lorsqu’un visage apparaît en gros plan, l’espace sur les côtés existe. Les personnes, même de très près, continuent à faire partie d’un espace qui est donné comme un principe narratif (...). Le format cinémascope offre aussi beaucoup d’avantages dans les intérieurs souvent très exigus des maisons paysannes", indique le cinéaste, en poursuivant : "Horizontalement, les objectifs anamorphiques sont en fait des grands-angles, mais verticalement ce sont des focales moyennes, avantageuses pour les portraits."

    Implication des habitants

    Les habitants de la véritable commune où a été reconstitué le village de Heimat I et II se sont beaucoup impliqués dans le projet : beaucoup ont participé en tant que seconds rôles ou figurants. Ils ont dû, pendant 6 mois, renoncer à utiliser la rue principale et leurs chemins habituels !

    De vrais vêtements d'époque

    Pour l'équipe, trouver les costumes adéquats relevait du défi. En effet, comme l'affirme Edgar Reitz, "Il n’est pas un livre ni un cours d’histoire des styles où l’on peut apprendre comment s’habillait un artisan pauvre dans le Hunsrück de 1840", les uns et les autres se contentant de retenir les plus riches tenues. Les comédiens ont porté des vêtements d'époques, trouvés sur place par la chef costumière Esther Amuser. Ces vêtements ont été donnés aux acteurs afin qu'ils s'y habituent. "Le comédien qui jouait le rôle du forgeron, Rüdiger Kriese, n’a pas quitté ses vêtements pendant des semaines", indique le cinéaste. "Les comédiens ne bougent pas de la même façon lorsqu’ils portent des costumes authentiques, la rudesse du lin à même la peau leur apprend à ressentir leur corps autrement."

    Refus de la dramaturgie

    Le réalisateur de Heimat I et II s'explique quant à son refus de la dramaturgie et justifie ainsi son style : "Je refuse radicalement ce modèle du cinéma « qui vous prend aux tripes », cette dramaturgie du suspense (...) dont je me suis tenu à l’écart toute ma vie. Les stratèges de la dramaturgie à effets font passer leurs concepts avant les images de la vie et renvoient la réalité au domaine du banal. Voilà des décennies que je me moque complètement de savoir quels succès on peut atteindre avec de telles méthodes. Ce qui m’intéresse est totalement différent : le cinéma est pour moi une « école du regard ». (...) Avec mes films je veux apprendre à mieux comprendre la vie réelle. Ce qui compte le plus, pour moi, c’est l’observation exacte, la connaissance des hommes et de leurs comportements."

    Filmer l'éclairage à la bougie

    Edgar Reitz souhaitait que l'éclairage de son film soit le plus authentique possible, il a donc choisi une caméra lui permettant d'enregistrer des séquences d'intérieur avec un éclairage le plus naturel possible. "La caméra ALEXA studio, de chez Arri, a une incroyable sensibilité à la lumière. Il suffit d’une bougie pour éclairer une scène. (…) Le plus souvent, nous avons pu éviter l’effet produit par des sources d’éclairage modernes en prenant garde à ce que les flammes des bougies et des torches soient toujours les éléments les plus clairs de l’image", indique-t-il.

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