Les films sont souvent des matières vivantes qui évoluent au fil du temps. Le scénario de Même pas mal s’est dessiné grâce aux improvisations des comédiens durant les répétitions. L’écriture même des personnages aurait débuté suite à une question de Guillaume Pottier adressée à ses partenaires et aux réalisateurs : "Pour vous, c’est quoi l’amour ?"
A l'origine, Greg est sensé allumer la cigarette de Violette (Viktoria Kozlova) dans une scène du film. Cependant, cette action n’a jamais été réalisée. En effet, durant le tournage, Guillaume Pottier n’avait pas de briquet : "Je n’avais pas de feu en répétition et il fallait que j’allume la cigarette de Viktoria. Ce jour-là j’avais un caillou dans ma poche (ne me demandez pas pourquoi!) alors je me suis fait passer pour un boyscout qui savait tout faire avec un caillou", raconte l'acteur, amusé. L’objet, surnommé Billy, a séduit les réalisateurs par son effet comique et a été adopté.
Pendant deux mois, les comédiens ont cru que le film qu’ils allaient tourner allait être un documentaire sur leurs vies. La confusion est née des répétitions un peu particulières menées, tous les mardis, durant deux mois par les réalisateurs : "On filmait plein d’impros au cours desquelles on s’amusait à les surprendre, à les manipuler sans cesse. On leur disait peu de choses sur notre projet. On ne voulait pas qu’ils sachent ce qui se passe, ce que l’on prépare. Pour l’anecdote, certains pensait au départ, qu’il n’y aurait jamais de film, et qu’on faisait un documentaire sur eux", s’amuse Maxime Roy.
Entre 2007 et 2010, Jérémy Trequesser travaillait comme assistant puis régisseur général de Maxime Roy. Depuis 2010, les deux hommes ont fait trois films ensemble. Avant Même pas mal, ils avaient collaboré sur "La beauté carnivore", un court-métrage où Jérémy était producteur et Maxime à l’écriture. Une année plus tard en 2011, ce dernier opérait comme directeur de la photographie sur un nouveau court, "Fantasy", écrit et réalisé par le premier nommé.
Même pas mal est une grande première à plus d’un titre. Le film constitue ainsi le premier long-métrage du duo Jérémy Trequesser-Maxime Roy, les deux hommes ayant jusqu'à présent écrit et réalisé des courts-métrages. Ce film est aussi le premier que distribue la société fondée par les deux compères, Nouveau Cri.
La genèse du film est à trouver dans l’atelier Nouveau Cri, monté par Jérémy Trequesser et Maxime Roy. Un atelier qui continue de vivre et qu’animent toujours les deux réalisateurs. Ainsi, tous les mardis soirs, une trentaine d’acteurs et une dizaine de réalisateurs se retrouvent. "C’est important pour nous, de se sentir entourés, d’échanger sur nos projets respectifs, de s’engueuler et de se marrer", raconte Jérémy Trequesser.
Jérémy Trequesser et Maxime Roy ont refusé de trop en dire à leurs acteurs. Leur idée était de privilégier le naturel et de les obliger à imaginer leurs personnages : "Ce qui nous semblait important était de leur faire comprendre qu’ils devaient jouer à un instant T. C’était alors essentiel qu’ils créent à partir du scénario et qu’ils puisent au fond d’eux pour alimenter leur personnage. Le rythme que nous avons choisi répond d’ailleurs à notre volonté de rendre compte de cette spontanéité", indique Jérémy.
Ce film marque la deuxième collaboration entre Pierre Pirol et Maxime Roy. Ce dernier avait dirigé l’acteur lors de son court-métrage "La beauté carnivore" en 2010. Une performance qui l’a convaincu de lui redonner sa chance.
A l’exception de Pierre Pirol déjà vu dans Sélect Hôtel de Laurent Bouhnik, aucun des acteurs retenus dans Même pas mal n’avaient joué dans un long-métrage. Un casting à l’image de ce premier long-métrage du duo Roy-Trequesser.
Par leur mode de fonctionnement, les réalisateurs sont parvenus à créer une vraie alchimie à l’écran. Une alchimie qui s’est prolongée hors des plateaux : "Pas à pas, nos rendez-vous sont devenus vitaux. Et après, on ne se lâchait plus. On n’a même pas vu le coup arriver. On va faire un film ! Tout est allé tellement vite. A la fin du tournage, on a fini tous ensemble dans un taxi. Et on a pleuré", témoigne Franck Buirod.