Disparu en 2009 dans un tragique accident de voiture, Jocelyn Quirvin est parti sans jamais avoir pu concrétiser son envie de réaliser et de jouer dans ce qu'est aujourd'hui Maestro. En effet, si c'est Léa Fazer qui réalise cette intrigue que lui avait soufflé l'acteur-réalisateur à l'époque, s'adressant à elle pour recevoir un coup de pouce au niveau du scénario, l'histoire est à l'origine basée sur une idée de Jocelyn Quivrin, s'inspirant de la propre expérience de ce dernier chez Eric Rohmer en 2007. Maestro est l'occasion pour la réalisatrice de rendre hommage à celui dont elle était très proche - elle est la marraine de son fils et il a été témoin à son mariage - et qui fit de lui son acteur fétiche, apparaissant dans Notre univers impitoyable (2007) et Ensemble c'est trop (2009).
Rencontrés à l'occasion de la promotion du film, Léa Fazer, Alice Belaïdi et Pio Marmai nous ont parlé du projet de Maestro, né du vécu et de l'envie de Jocelyn Quivrin. Hommage au comédien disparu, le film est aussi un film sur la transmission, mettant à l'honneur le cinéma d'auteur menacé.
La nuit du 15 novembre 2009, alors que Jocelyn Quivrin décède dans un accident de la route sur l'A13, sous le tunnel de Saint-Cloud, la réalisatrice Léa Fazer lui laisse un message sur son répondeur pour lui annoncer qu'il ne va pas tarder à recevoir la version dialoguée de son projet de film, dont ils avaient écrit ensemble un synopsis pour l'équipe de production de Mandarin Cinéma. L'acteur n'écoutera jamais ce message et le projet de Maestro restera quelques temps à l'abandon jusqu'à ce que les frères Eric et Nicolas Altmayer - qui avaient déjà produit son court-métrage Acteur en 2006 - poussèrent la réalisatrice à prendre les commandes du film.
Quand Jocelyn Quivrin a parlé de son projet de film à Léa Fazer, il s'imaginait dans la peau de l'interprète principal, Henri, mais envisageait également de donner un rôle à la réalisatrice. Finalement, c'est elle qui prendra les commandes de Maestro.
Admiratif du travail d'Eric Rohmer, Jocelyn Quivrin était prêt à tout à l'époque pour jouer sous la direction du cinéaste de la Nouvelle Vague. C'est ainsi qu'il a contacté ce dernier pour lui faire part de sa volonté de jouer dans un de ses longs-métrages. Il a alors décroché en 2007 le rôle de Lycidas dans Les Amours d'Astrée et de Céladon. Sur le tournage, l'acteur était troublé, et ne se sentait pas à sa place sur ce plateau où l'on tournait à l'ancienne avec peu de moyens. Le choc est survenu quand il a vu la réception du film, acclamé au Festival de Venise pour lequel il a été présenté en Compétition. Maestro raconte l'histoire de cette expérience singulière, à la fois riche et traumatisante pour le jeune acteur.
Le tournage de Maestro a eu lieu dans l'Indre, au sud de Châteauroux. Un lieu de tournage différent de celui d'Eric Rohmer à l'époque, qui avait posé sa caméra en Auvergne (dans les gorges de la Sioule) ainsi que dans le Val-de-Loire. De plus, pour incarner à l'écran le pendant du cinéaste de la Nouvelle Vague, Léa Fazer a opté pour prendre un acteur qui n'était pas issu de l'école rohmérienne : "Michael Lonsdale est aux antipodes d’Eric Rohmer, ils n’ont jamais travaillé ensemble, je ne sais même pas s’ils se sont appréciés."