Belle : les secrets du tournage

L'histoire de Belle est inspirée d'une histoire vraie, celle de Dido Elizabeth Belle, fille de l'amiral John Lindsay. Cependant, peu de traces subsistent sur sa vie, et de nombreux éléments fictionnels ont été ajoutés au scénario.

C'est le deuxième long-métrage pour la réalisatrice Amma Asante, qui fut choisie par le producteur Damian Jones. Il avait notamment travaillé sur film La Dame de fer, qui a valu à Meryl Streep l'Oscar de la Meilleure Actrice.

Lors d'une visite au Scone Palace en Ecosse, la scénariste Misan Sagay fut intriguée par une toile représentant deux jeunes femmes richement vêtues, l'une noire et l'autre blanche. Portrait inhabituel pour l'époque (1779) et anonyme, Sagay décida de faire des recherches sur cette jeune demoiselle noire, semblant appartenir à un rang social élevé.

Son intérêt piqué au vif, Misan Sagay découvrit l'identité de la jeune femme noire qui n'est autre que Dido Elizabeth Belle posant aux côtés de sa chère cousine Lady Elizabeth Murray. En leur temps, on les surnommait "Belle et Bette". Mieux encore, par un hasard pur, la scénariste apprit qu'elle a parmi ses proches une amie de Lady Mansfield, descendante éloignée de Dido Elizabeth Belle ! Jouant de ses relations, elle put alors avoir accès aux archives de l'illustre famille et en découvrit énormément sur la vie de Dido et sur celle de sa famille paternelle.

Le producteur Damian Jones, qui avait également vu le portrait, fut captivé à la lecture du récit écrit par Misan Sagay. La figure historique que représentait Dido ne pouvait pour lui que fasciner le public. Il explique : "L’histoire de Dido est une histoire de classe, d’origine, d’argent et d’amour, et ces thèmes sont intemporels."

Sam Claflin avait d'abord été pressenti pour le rôle de John Davinier, mais suite à un problème d'emploi du temps, c'est finalement Sam Reid qui a été retenu. A noter que l'acteur a des prédispositions pour le genre historique puisqu'il a interprété le Comte d'Essex dans Anonymous de Roland Emmerich.

"C’était la première fois que j’entendais parler d’une histoire contenant tous les éléments familiers d’un roman de Jane Austen – les mariages, les jeunes filles de la bonne société, les amours contrariées – dans le contexte de la fin de l’esclavage", déclara la cinéaste Amma Asante. Avec ce sujet, elle décida de revisiter la comédie romantique d'époque.

L'histoire d'amour peu banale entre Dido et John a permis à la réalisatrice de représenter un personnage qui évolue. Elle commente : "Au début du film, Dido est une jeune fille soumise à la volonté des autres, mais elle arrive progressivement à affirmer ses propres désirs, non pas parce que c’est une jeune fille privilégiée et gâtée qui en veut toujours plus, mais parce qu’elle veut qu’on la traite en égale, au sein de sa propre famille mais également dans la société."

Si la romance de Dido et John est en majeure partie fictive (bien que la réelle Dido fut mariée à un certain John Davinier), son histoire n'en est pas moins étroitement liée à l’un des procès les plus tumultueux de l’Histoire : celui du navire négrier appelé Zong (engendrant le meurtre d'environ 142 esclaves en 1781), au cours duquel Lord Mansfield porta un coup fatal au commerce britannique des esclaves.

Le procès du "massacre du Zong" fut le théâtre d'opinions divergentes, d'un côté les conservateurs, de l'autre les abolitionnistes. Lord Mansfield (Tom Wilkinson) fut d'office associé à cette opinion (en raison de son lien de parenté avec Dido), alors que dans cette affaire, il choisit de ne pas prendre parti mais de rester du côté de la loi. Amma Asante déclare : « Lord Mansfield est un personnage fascinant qui incarne les deux courants de pensée qui s’opposent à ce moment charnière de l’histoire. C’est un homme qui obéit aux règles établies et pense que la loi rend le monde meilleur. Mais c’est également un homme de progrès qui regarde en avant lorsque nombre de ses pairs en sont incapables. »