Ana Arabia relate, sous des traits d'une fiction, l'histoire vraie de Leïla Djebarine, une femme née juive polonaise, rescapée du camp d'Auschwitz, qui s'est convertie à l'Islam pour épouser un Arabe. Pour peaufiner son long métrage, Amos Gitaï confie également s'être basé sur la trilogie de documentaires Wadi, diffusée entre 1981 et 2011 et abordant un sujet similaire.
Amos Gitaï ne s'est pas contenté de réaliser Ana Arabia. Il a également participé à sa production et à l'écriture du scénario.
Amos Gitaï ne souhaitait pas qu'il y ait de coupes entre les scènes. Résultat : 81 minutes de plan-séquence en continu. Un procédé inhabituel pour le réalisateur, qui avait jusqu'alors privilégié des méthodes de réalisation classiques. "Durant longtemps j’ai aimé utiliser le plan-séquence pour relier les fragments et les contradictions, je me suis fixé un objectif bien plus ambitieux pour Ana Arabia : faire un film entier (81 minutes) en une seule séquence non coupée. La continuité et le rythme englobent ces fragments et ces personnages."
Les caméras actuelles n'étant pas à même d'assurer ce type d'enregistrement, les équipes de tournage se sont munies de caméras Alexa. Mais, à chaque technologie innovante, son lot d'inconvénients : "Nous avons été obligé d’avoir un disque dur externe tenu par l’assistant qui devait se tenir derrière le steadycam. Si vous aviez été sur le tournage, vous auriez pu voir un groupe de techniciens et d’assistants courir les uns derrière les autres afin de ne pas entrer dans le cadre, la caméra étant tout le temps en mouvement", explique Gitaï.
Il faut voir en Ana Arabia un geste fort et une réponse d'Amos Gitaï au conflit israélo-palestien. En filmant un groupe de juifs et d'arabes, le cinéaste a voulu montrer qu'il était parfaitement possible à ces deux communautés de coexister. Le message du film est d'autant plus appuyé par son titre, "Ana Arabia", qui veut tout simplement dire : "Moi, l'Arabe". Quelques précisions du réalisateur : "C’est en un sens une revendication politique, où j’affirme que la destinée des juifs et des arabes sur cette terre ne sera pas séparée. Ils sont liés et doivent trouver des solutions pacifiques de coexister, trouver des manières pour que chacun vive sa vie, pour qu’ils se nourrissent et se stimulent les uns les autres, et non pas uniquement par des conflits perpétuels."
Pour ses précédents longs métrages, Gitaï avait pour habitude de rassembler ses équipes dans des lieux précis. Ensemble, ils étaient amenés à subir de multiples déplacements. Mais pour Ana Arabia, il a préféré opter pour une différente méthode, préférant s’imprégner des habitudes locales : "Dans ce film, nous nous fondons au rythme quotidien des habitants. Ils se réveillent chaque matin, dorment, prennent le bus, un taxi ou leur vélo et vont au travail, et le soir, ils se dispersent à nouveau. Je vois cette manière de filmer comme un procédé à part entière. (...) je trouve que cela influe sur l’état d’esprit et la texture de ce film."
Pour l'écriture du scénario, Amos Gitaï a de nouveau requis les services de la scénariste Marie-José Sanselme, qui a travaillé sur ses précédents films (Terre Promise, Free Zone ou Roses à crédit). Il en va de même pour la production, une fois de plus assurée par le tandem Laurent Truchot et Michael Tapuach.
C'est dans un bidonville de Jaffa, dans la banlieue de Tel Aviv qu'Amos Gitaï a choisi de poser ses caméras pour le tournage de Ana Arabia. Il révèle avoir rencontré quelques difficultés à trouver le lieu idéal : « Il s’agit de la dernière enclave d’une sorte de bidonville à Jaffa (...). Tout le reste, et spécialement la zone costale si précieuse, a été progressivement envahie par la pression immobilière de la classe moyenne supérieure israélienne. Ils sont en train de mettre dehors les palestiniens d’origine, et cette zone est donc le dernier lieu restant ». Une fois le cadre repéré, le producteur Gady Levy s'est chargé de trouver un arrangement avec les habitants de la localité afin que le tournage se déroule dans de bonnes conditions.
Le film a été sélectionné à de nombreux festivals parmi lesquels on recense la célèbre Mostra de Venise et le Festival du Film Indépendant des Hamptons.