Allez c'est bon, l'année est pliée côté cinéma et Night Call sort vainqueur ! J'ai aimé dès la première seconde, avec ce plan carte postale de Los Angeles, un léger filtre orange, j'avais l'impression de voir Collateral de Mann, ou Heat, pour sa façon de filmer L.A la nuit, un soupçon de Drive pour la violence et de Gone Girl pour sa critique des médias (ici bien meilleure mais j'y reviendrai).
J'ai juste pris un pied terrible devant ce film. On suit avec une délectation malsaine les aventures de Lou, mec raté, qui va trouver sa voie dans le reportage à sensation, révélant peu à peu le maniaque en lui. Si le tout début du film est une formidable exposition, le rythme se ralenti un peu jusqu’à la moitié, prenant le temps de poser son intrigue et les enjeux finaux, même si l'enchainement des séquences de reportage peut sembler répétitive. Puis tout s’accélère au bout de 45min, pour nous offrir des moments d'anthologies, ou la perversion va être poussée au maximum, comme le diner, ou mieux encore avec une séquence tv en temps réel juste hallucinante. Jusqu'à un final insoutenable, où l'on subit complètement ce qu'il se passe à l'écran, comme asphyxié. Et c'est là que le film est le plus réussi, car, en plus de nous servir une réalisation de haute volée, un photographie sublime, une course poursuite phénoménale et complètement justifiée avec son point de vue, un Jake Gyllenhaal électrisant, le film nous questionne directement. Il questionne tout d'abord notre rapport aux médias, le goût du sensationnalisme au détriment de la dignité et même de la vie humaine. Mais surtout, Dan Gilroy nous place dans le film, à la place du spectateur TV, car on voit les mêmes choses, et le film arrive à nous faire rentrer dans le trip de son personnage, on éprouve presque de l'empathie. Un peu à la manière de Breaking Bad, on suit le "héros" avec un plaisir malsain. Cela va en déranger beaucoup, car forcément on se sent un peu coupable, beaucoup de critiques négatives mettent en avant ce point. Mais c'est justement là qu'est le génie, Gilroy nous critique directement, forcément ça fait mal, et ça m'a fait mal car j'ai adoré le film, car j'ai éprouvé du plaisir en le voyant tout en sachant que c'était ignoble.
Un Oscar pour Gyllenhaal, un Oscar pour la photographie, et un Oscar du meilleur film ne seront pas volés je pense !