Joues creusées, teint blafard, ton monocorde, Jake Gyllenhaal, omniprésent, est la star de Night Call ! Il interprète un personnage hors norme, à la fois angoissant et captivant. Un individu sociopathe, éduqué à l'Internet, une sorte de fils légitime de la société américaine capitaliste débridée d'aujourd'hui. Ce psychopathe, au profil pervers narcissique, se conduit pendant tout le film avec un cynisme qui s'exacerbe en parallèle de ses succès économiques. Pamphlet anticapitaliste, critique acerbe des médias et du voyeurisme, Night Call est sur ces points une réussite. On est ébahis et effrayés par le culot et l'absence totale d'humanité du personnage et c'est la vraie force du film. Qui plus est, la réalisation, dans la veine de Drive, est assez remarquable, avec notamment des courses poursuites en voiture très immersives. Le réalisateur, Dan Gilroy, assume le cynisme du scénario jusqu'au bout, même si le récit est assez didactique. En effet, on sent venir d'assez loin les différentes péripéties et c'est dommage. Mais Jake Gyllenhaal est génial, avec sa petite queue de cheval, ses yeux exorbités et ses lunettes de soleil, on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Alors qu'il est en réalité ce monstre, enfanté par notre société, qui n'a plus ni morale ni valeurs. Night Call, loin d'être parfait, laisse un goût de malaise qu'on n'est pas prêt d'oublier, et c'est pour ça que c'est un excellent film.