Les réalisateurs ont été touchés par la figure de la chute, la violence de la fin d’un monde, la brusquerie qui en résulte. Ils ont commencé par écrire cette histoire d’hécatombe, la chute d’une bande de garçons tous tombés les uns après les autres, Icare ou OEdipe, puis ils se se sont concentrés sur un seul, unique bouc émissaire, Mouton.
Mouton devait être le symbole du tragédien, cela pouvait être une femme, comme un homme ou un vieillard. Le choix s'est porté sur David Merabet pour sa "grâce et disgrâce - sa façon d'être". Cet aspect du tragique ne laisse pas place à l'espoir comme pourrait le faire le drame. Mouton est perdu.
La caméra comme témoin d'une vie, celle de Mouton, mais aussi des autres. Le désir des réalisateurs était de faire de leur acte de présence, une poursuite silencieuse de sa proie, comme le ferait un comportementaliste.
Le scénario de base était un texte très écrit et littéraire, mais par la force des choses l'effet documentaire s'est imposé pour plusieurs raisons : d'une part les non professionnels qui sont filmés ont un rapport simplifié avec le réel, d'autre part le choix de filmer sans trame, de saisir ce qui se présente à l'oeil et de ne pas s'en servir, donne une vision proche du documentaire.
Il fallait que le décor trace une fin de monde, la mer s'est donc imposée comme le décor idéal puis la ville de Courseulles-sur-Mer, simple, familière, ordinaire mais mouvante. Elle se situe en Basse-Normandie, près de Caen.
En ce qui concerne le bande-son, les réalisateurs ont fait preuve d'innovation, à savoir utiliser des sons particuliers pour certains types de plans, simples et pointus puis qui s'aggravent avec la vie de Mouton, sa quotidienneté puis son basculement.