En fait, il faut voir ce CHARLIE MORTDECAI comme un Grand Budapest Hotel en mode mineur, exceptée l’interprétation hors-norme de Johnny Depp.
L’intrigue par exemple : là ou, sur le même thème (la recherche d’un tableau disparu), Wes Anderson donnait des ampleurs insoupçonnées à son récit, ainsi que des résonances dans un contexte historique (une première chez Anderson , l’explosion du microcosme), David Koepp, lui, n’arrive jamais, malgré la multiplication des lieux, à proposer un quelconque sentiment d’exotisme, d’ouverture, ou même un intérêt pour un enjeu en particulier.
En outre, on reconnaît bien la patte de David Koepp – scénariste – particulièrement ludique. L’auteur cherche et réussit partiellement à multiplier les pistes via un nombre de personnages conséquents, en imposant un rythme, et en introduisant ce genre de rebondissements qui est plus ou moins sa marque de fabrique. Toutefois, les différents portraits proposés demeurent bien plus croustillants que l’intrigue dans laquelle ils évoluent – là ou chez Anderson , il s’agissait d’un parfait équilibre.
Le manque de personnalité dans la réalisation de David Koepp donne par contre à son CHARLIE MORTDECAI, une intention bien différente de celle de Wes Anderson… Beaucoup plus accessible car moins identifiable… Plus tournée vers le spectateur, via l’absence de prétentions et l’humour multi-facettes, que vers le nombril d’un auteur omniscient, l’exploration d’obsessions, le fétichisme appliqué à l’image – typique de chez Anderson.
Qualités sans-doute moins intellectuellement stimulantes, mais également appréciables.
On regrette juste, formellement, ces hideuses et ridicules transitions entre les différents lieux de l’intrigue.
Tout comme The Grand Budapest Hotel, CHARLIE MORTDECAI examine les préoccupations de richissimes personnages, uniquement désireux de s’enrichir plus qu’ils ne le sont. Ce qui en termes d’empathie, peut laisser froid. Dans les deux cas, tout est dans le traitement. Stimulant par la mise-en-scène, la narration, et l’univers global chez Anderson, intéressant chez David Koepp, comme moquerie facile de l’univers bourgeois en général. Les personnages, dans CHARLIE MORTDECAI, peuvent être définis d’une part comme extrapolation d’un cliché, et de l’autre, par l’intérêt qu’il souhaitent retirer de l’affaire. Que ce soit économique, artistique, affectif ou… Sexuel !
Charlie Mortdecai – le personnage, joue sur tous les « tableaux ». Il apparaît en définitive, comme ambigu et complexe sous son apparence frivole. Johnny Depp a très bien compris cela et en joue énormément. Aidé, bien sur, par l’écriture des dialogues, savoureuse. Ces dialogues, sont d’ailleurs la seule chose permettant aux autres protagonistes d’exister… Car ceux-ci n’ont aucun espace, aucune liberté, en dehors du parcours scénaristiquement tracé, laissant à Johnny Mortdecai Depp, une véritable autoroute autorisant l’acteur à se lâcher complètement.
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