Si l'on peut parler de biopic, c'est autant celui de James Dean que celui du photographe Dennis Stock. Mais le film raconte surtout l'histoire d'une tranche de vie qui est commune à ces deux hommes : quelques semaines nées d'une rencontre, d'une intuition du photographe quant à l'aura de l'acteur, et de la confrontation de deux mal-être. En sont sorties quelques photos devenues légendaires, celles d'un James Dean pas encore star, au naturel, chez le coiffeur, ou affalé dans un bar, marchant dans Times Square, posant dans une ferme de l'Indiana, chez son oncle. Anton Corbijn a conçu un petit biopic sous forme de "making-of" d'un reportage-photo, en adoptant le point de vue du photographe. C'est original. Photographe lui-même (de David Bowie, Joy Division, Depeche Mode...), Corbijn était bien placé pour "sentir" et concrétiser ce projet. Sur le plan esthétique, le résultat est très soigné dans les cadrages, dans la lumière, sans jamais tomber dans l'esthétisme. Un beau travail discret, qui donne l'impression que le film "accouche" naturellement des célèbres photos, parfaitement intégrées à l'histoire. Sur le fond, c'est un peu moins réussi. Ou disons que le film a les défauts de ses qualités. Ses principales qualités, ce sont la simplicité et la sobriété. Corbijn a su éviter toute surenchère dramatique, tout enjolivement ; il est resté collé au quotidien de deux jeunes hommes dont on observe les fêlures, deux "paumés" qui se cherchent, entre passé et présent. Et deux conceptions de la célébrité, entre rêve (pour le photographe) et appréhension méprisante (pour l'acteur). Cette simplicité et cette sobriété dans le traitement biographique ont leurs petits moments de grâce, leurs instants touchants, notamment dans l'intimité de la ferme de l'Indiana, ainsi qu'à la fin du récit, quand sont introduites les vraies photos de James Dean prises par Dennis Stock. Mais il y a aussi une pléiade de choses anecdotiques qui, enchaînées sur un rythme globalement languissant, donnent l'impression d'un ensemble pas toujours très consistant. Sans être déshonorant, Life est ainsi loin du niveau de Control (le biopic de Ian Curtis réalisé par le même Corbijn), loin de sa densité, de ses abîmes, de sa noirceur saisissante.
Côté acteurs, Robert Pattinson continue de s'éloigner de Twilight a bon escient : il est convaincant dans ce contre-emploi de jeune mâle fragile, coincé mais ambitieux. Dane DeHaan, lui, avait fort à faire pour camper James Dean : il apparaît un peu poseur au début, dans sa voix et dans ses gestes, mais finit par faire accepter son interprétation.